Quelques considérations sur les pratiques d’évaluation de la formation…
Michel Diaz
directeur associé
féfaur / e-learning letter / trophées du digital learning
Jonathan Pottiez, l’un des meilleurs experts français de l’évaluation de la formation en entreprise, a récemment interviewé Michel Diaz dans le cadre d’un ouvrage sur l’évaluation de la formation en entreprise, dont la parution est prévue dans les prochains mois…

Jonathan Pottiez : Les pratiques d'évaluation des formations en entreprise mettent du temps à se développer... Les formations en ligne (e-learning) sont-elles davantage évaluées ?

Michel Diaz :
L'évaluation des formations en ligne est paradoxale… Au contraire de ce qu’on peut observer dans le cadre des formations présentielles, la satisfaction des apprenants, i.e. le premier niveau d’évaluation dans l’échelle de Kirkpatrick, est très peu évaluée… En revanche, en rupture aussi avec le présentiel, les connaissances acquises à chaud, à l’issue du parcours de formation, sont quasi systématiquement évaluées.

Jonathan Pottiez : Quelles en sont les raisons ?

Michel Diaz :
La non évaluation du niveau 1 tient largement à la crainte d'objectiver un niveau de satisfaction médiocre… Dans le même ordre d'idée, le taux d'abandon est rarement suivi, bien que les plateformes LMS le permettent aisément…  Ou s’il est suivi, il n’est pas communiqué… Autres raisons : les difficultés rencontrées par les services formation dans le choix des éléments à évaluer, quand le e-learning est intégré dans une formule composite «blended learning», et, pour chacun des composants du blended learning, la méconnaissance des standards de qualité.

Quant à la fréquence des évaluations de deuxième niveau (connaissances acquises à chaud), elle résulte d'une «norme» non dite, partagée par les studios de création et les responsables e-learning en entreprise : il faut intégrer des activités d'évaluation dans tout module e-learning, d'autant plus que la fusion s’est opérée entre les activités d'évaluation et de mise en pratique compte tenu de la durée de plus en plus courte des modules e-learning (10-15 minutes). Elle tient aussi à l'utilisation massive des plateformes LMS, devenues indispensable dans toute stratégie de déploiement du e-learning, et des générateurs de quiz (voire Assessment Management System), faciles d'utilisation et offrant des fonctionnalités étendues.

Jonathan Pottiez : Plus précisément sur l’évaluation du blended learning : est-ce qu’on l’évalue ? Comment ?

Michel Diaz :
Une difficulté majeure du blended learning réside dans le choix des médias de formation qui vont être retenus pour répondre à une problématique de formation donnée, ainsi qu'à leur agencement dans des parcours individualisés cohérents. La plupart du temps, le blended learning est simplifié : autodiagnostic suivi de modules e-learning permettant d’atteindre le pré requis au présentiel, présentiel dédié à la construction des compétences et des attitudes, compléments et piqûre de rappel e-learning…

Cette difficulté se retrouve au niveau de l'évaluation : quelle part confier à l'évaluation «présentielle», à l'auto évaluation en ligne, etc. On peut imaginer l'avènement de futurs dispositifs de type «blended evaluation», un concept que Féfaur a introduit sur le marché…

Jonathan Pottiez : Les modalités de formation évoluent sans cesse et mobilisent des supports nouveaux, par exemple le social learning, l’utilisation de tablettes dans et en dehors de la formation… Comment imaginez-vous les pratiques d'évaluation des formations dans quelques années au regard de ces évolutions ?

Michel Diaz :
Je pense que nous allons observer un fort développement des auto évaluations en ligne via smartphones et tablettes, sur des contenus extrêmement courts (quelques minutes) principalement dédiés au support à la performance opérationnelle.

Les contributions de chaque apprenant-producteur de savoirs seront aussi évaluées dans le cadre des réseaux sociaux d'entreprise, notamment à travers les fonctions de ranking ou de commentaires par la communauté des apprenants, à l’instar de ce qu’on trouve sur Youtube… Le tout, dans une mise en cohérence générale qui devra être assurée par les services formation.