Les entreprises ont aujourd'hui un vaste choix en matière de modalités de formation. Le blended learning connaît une faveur grandissante depuis des années. En même temps, toute formule de formation doit être appréciée en fonction des objectifs du commanditaire (représentant le client interne ou externe). Par exemple, s'il s'agit essentiellement de sensibiliser un public, le e-learning seul (dans le sens usuel / restreint de formation à distance asynchrone hors toute médiation humaine) peut parfois suffire, surtout si on l'accompagne d'un dispositif de validation des acquis. Le blended reste toutefois conseillé pour des projets de formation aux objectifs plus complexes ; les apprentissages pourront alors mixer du « top down » (présentiel ou e-learning, traitant de connaissances, d'informations) et du travail collectif favorisant les dynamiques de groupe pour la partie "métiers" des apprentissages. De nouveau cette sorte de "spécialisation" des modalités de formation : un apport de connaissances dévolu au e-learning ; des pratiques traitées en présentiel… Façon de dire que c'est avec le présentiel qu'on entre vraiment dans le vif du sujet, un présentiel riche en interaction, porteur de sens, sous réserve évidemment du plein engagement des salariés-apprenants et du management !
On pourrait croire que cette complexité apparente du blended learning le réserve aux grandes entreprises. C'était vrai ; ça ne l'est plus : je constate que les PME s'y sont mises sérieusement. Un signe qui ne trompe pas : ces nouvelles modalités de formation sont aujourd'hui bien accueillies par les OPCA. Cependant, je m'attends à ce que la partie présentielle du blended learning soit largement remplacée par des modalités de type tutorat au poste de travail ou à distance : on reste dans du blended learning, mais d'un coût moindre, car c'est le présentiel qui représente souvent la dépense à la plus élevée. Ne pas sous-estimer par ailleurs, comme possibilité d'optimiser les coûts de formation, la mise en jeu de partenariats locaux, par exemple dans des bassins d'emploi : mutualisation à la clé, partage de ressources, mise en oeuvre de formules blended learning avec du présentiel "inter" ou intra, ici possible mais auxquelles je ne crois pas trop autrement en particulier pour les TPE.
Au reste arrêtons-nous un instant sur cette question du blended learning inter ou intra : on observe que l'essentiel des demandes portent sur de l'intra, car les entreprises consacrent l'essentiel de leur budget aux formations métiers, le plus souvent très spécifiques à leurs besoins. Le blended learning inter, ça existe mais c’est compliqué à gérer, aussi bien pour les organismes de formation que pour les entreprises et les salariés-apprenants. L'expérience montre que les taux de remplissage sont faibles ou tardif, ce qui crée un incertitude sur la tenue effective des sessions, sauf quand l'enjeu est fort, par exemple dans le cadre de formations certifiantes ou portant sur un sujet "brulant" ; ou encore si alors si elles sont référencées dans des grands groupes qui assurent finalement une "volumétrie" suffisante.
Je reste très optimiste sur l'évolution de la demande de blended learning, notamment parce que cette approche permet de réduire fortement les coûts unitaires de formation, ce qui permet aux entreprises de former un plus grand nombre de salariés, plus souvent (sans même parler de l'efficacité pédagogique réelle de la formation mixte). Cette évolution s'accéléra à mesure que les salariés s'habitueront aux composants de formation à distance du blended learning, jusqu'à déboucher sur du blended learning 100% distanciel ! Reste à réduire les freins qui subsistent, principalement nichés dans les cultures d’entreprise : si certaines ont pris le virage e-learning / blended learning très tôt, et s'y sont parfaitement acclimatées, d’autres montrent encore quelques réticences à développer ces nouvelles approches. Mais le changement est là, palpable : de plus en plus de responsables formation sont à l’aise avec la très grande diversité des modalités de formation nourries par les technologies numériques. Ils sont le fer de lance, avec les directions générales, de cette transformation, avec, ne l'oublions, pas l'offre (les prestataires) dont le niveau de maturité permet aujourd'hui de garantir le succès.
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