Le mobile learning… On y croit ?
Michel Diaz
directeur associé
féfaur
Une récente enquête publiée par Féfaur met en avant la forte progression des entreprises envisageant de se tourner vers les formations mobiles. L’occasion de revenir sur le mobile learning, son avenir et ses atouts avec Michel Diaz, Conseil en stratégie de formation et Directeur associé de Féfaur.

48,8 % des entreprises françaises indiquent vouloir de se tourner vers les apprentissages mobiles d’ici deux ans, ceux-ci enregistrant la plus forte croissance pour les moyens de formation envisagés au cours des prochaines années. Est-ce à dire que le mobile learning s’apprête à devenir le nouveau modèle de formation ?

Michel Diaz : Si la progression est effectivement importante, il faut tout de même en relativiser la portée, car le mobile learning part de loin : les systèmes de gestion de la formation qui permettent de délivrer ces formes de formation ne sont aujourd’hui présents que dans 19,5 % des 200 moyennes et grandes entreprises qui ont participé à l'enquête. Un point positif apparaît toutefois : les entreprises ont beaucoup d’espoir dans cette nouvelle vision des apprentissages.

Quels sont les atouts du mobile learning ?

Michel Diaz : Le premier atout du mobile learning est le type d’apprentissage auquel il donne accès, avec des activités et ressources consultables directement sur tablette ou sur smartphone. Cela permet aux apprenants de pouvoir se former à tout moment et pour un coût modéré. Et pour se développer, il profite également du vaste parc des terminaux mobiles.
Son autre point positif est à chercher du côté de son interface « touch screen », plus ludique que la traditionnelle combinaison souris-clavier. Cette simple fonction, liée aux appareils mobiles, ouvre le e-learning à un public plus large et pas forcément prêt à se lancer dans un projet d'auto-formation, que ce soit dans le cadre de l’entreprise ou en dehors.

Le mobile learning peut-il avoir d’autres implications ?

Michel Diaz : Il peut jouer un rôle dans le développement du social learning au niveau des organisations. Les plus grands, Google, Facebook en tête, ont déjà compris que le Web social a changé de terrain d’action, se déplaçant sur les smartphones. Les professionnels de la  formation doivent aussi tenir compte de cette donnée en mettant au point leurs stratégies d’apprentissage : les appareils mobiles seront les outils communicants de demain pour dialoguer avec les réseaux d'experts, permettant de créer son profil – ou d’en rechercher -, de commenter les ressources pédagogiques et de contribuer à leur amélioration par l’ajout de photos, de vidéos prises sur le terrain.

Quels sont les obstacles qui l’attendent ?

Michel Diaz : Le premier obstacle concerne les limites techniques, qui ne manquent pas : les environnements d'exploitation sont multiples (tailles d'écran, systèmes d'exploitation), la bande passante est encore trop faible (alors que la vidéo est l’indispensable de ces nouveaux outils)… Cela va conduire à faire des choix, par exemple en limitant les environnements d'exploitation qui seront utilisables…
Le deuxième obstacle vient, lui, des freins culturels : pour certains, le mobile learning n’appartient pas aux techniques de formation. Un pléonasme si l'on pense à la formation comme un simple stage, idée d’ailleurs contestée par la nouvelle réforme de la formation professionnelle.

Interview réalisé par Estelle Guiton
Article initialement paru dans Tissot Formation