Rencontre avec Nicolas Méary, Président de Formetris, un acteur essentiel sur le marché de l'évaluation de la formation… Tour d'horizon des bonnes raisons d'évaluer et de la part qu'y jouent les outils et les hommes… |
Évaluer l’efficacité des formations, est-ce devenu une priorité pour les responsables de formation ?
Nicolas Méary : De plus en plus d’acteurs de la formation sont conscients de la nécessité d’évaluer. C’est vrai pour les responsables de formation qui doivent améliorer les formations proposées et rendre des comptes. C’est vrai pour les organismes qui veulent prouver la qualité de leurs prestations C’est vrai aussi pour les OPCA qui nous sollicitent de plus en plus car ils souhaitent piloter la qualité des formations proposées. En quelques années, nous avons vu un changement d’état d’esprit collectif. Tant mieux, vu l’importance des enjeux humains et économiques !
Pour autant, évaluer n’est pas une fin en soi. Ce qui compte c’est avant tout d’utiliser les évaluations pour améliorer les formations offertes et convaincre les commanditaires. La numérisation de la formation a sans doute favorisé cette tendance, car elle a conduit les responsables de formation à se poser des questions de fond sur l’offre. Pour faire évoluer l’offre dans ce contexte de numérisation accrue, évaluer aide à prendre les bonnes décisions.
Une formation efficace, c’est quoi ? Qu’est-ce qu’on mesure exactement ?
Nicolas Méary : Pour mesurer l’efficacité, il faut aller au-delà de l’évaluation de la simple satisfaction. Même si on n’attend pas la même chose d’une formation en management et d’une formation de technique comptable, nous recommandons quasiment toujours à nos clients d’effectuer une évaluation à froid quelques mois après le stage afin de juger si les objectifs de la formation sont atteints et si les stagiaires utilisent ce qu’ils ont appris.
Pour les salariés, ce type d’évaluation les responsabilise et leur permet d’ajuster leurs objectifs, ce qui, au passage, va dans le sens de la récente réforme importante de la formation professionnelle. Pour les entreprises, cela permet d’optimiser la gestion de la formation : mieux cibler les stagiaires, adapter les contenus et modalités pédagogiques, identifier les meilleures formations… En un mot, cela procure de véritables instruments de pilotage pour prendre les bonnes décisions et justifier ses choix.
Formetris a développé un modèle d’analyse exclusif : l’entonnoir du e-learning… En quoi cela consiste-t-il ?
Nicolas Méary : Nous sommes convaincus que le e-learning est une opportunité exceptionnelle à plus d’un titre… Encore faut-il s’assurer d’une participation élevée des apprenants ! Sinon l’efficacité et donc la rentabilité du programme sont remises en cause. Or, une participation plus faible qu’attendue peut être due à de nombreux facteurs. Pour certains, c’est un problème de communication : les salariés ne savent pas tous que des modules sont à disposition sur le portail de formation. Pour d’autres, c’est la motivation qui fait défaut, en raison d’une première mauvaise expérience du e-learning. Enfin, le taux de participation peut aussi pâtir d'un équipement inadapté, par exemple un poste partagé dans les réseaux de distribution… Notre enquête permet de comprendre les failles afin de pouvoir y remédier. Nous apportons également des éléments de benchmark pour savoir quel taux de déperdition est acceptable, et dans quelles circonstances. Cette analyse est tout à fait complémentaire avec une évaluation post-formation traditionnelle de l’efficacité de la formation.
Recueillir des données ne suffit pas, encore faut-il les analyser : pensez-vous que le secteur de la formation sera fortement impacté par le Big Data ?
Nicolas Méary : L'impact du Big Data sera sans aucun doute important sur la gestion des ressources humaines et la formation. Les perspectives sont immenses mais, il faut le reconnaître, les projets concrets ne sont pas encore légion… Chez Formetris, nous préférons parler de « Smart Data » et exploiter la richesse des données qui sont de plus en plus facilement disponibles dès aujourd’hui, notamment grâce aux LMS et à la part croissante du e-learning, et que l’on peut même croiser avec d’autres données du domaine RH, telles que les profils et parcours des formés. Nous sommes ainsi en mesure d’effectuer des analyses pointues avec des résultats précis : un meilleur ciblage des formations, ou une optimisation des modalités pédagogiques par exemple.
Et c’est bien parce que l’intelligence humaine intervient, couplée avec l’expérience du métier, que les résultats sont pertinents. Les variables explicatives identifiées par l’analyse statistique doivent toujours être contextualisées par le responsable de formation, l’expert ou le chef de projet. Je ne crois pas du tout à une évaluation sans intervention humaine.
Qui sont les clients de Formetris ? Quel accompagnement leur offrez-vous ?
Nicolas Méary : Nous travaillons avec tout type d’entreprises, notamment du secteur bancaire (CM-CIC), de l’énergie (Total), de la grande consommation (Danone), du e-commerce (Groupon). Avec des grands groupes du CAC 40 comme avec des PME. Les instituts de formation et les OPCA nous confient aussi leurs projets d'évaluation, ce qui nous donne une large connaissance de l’écosystème de la formation. Nos clients ne sont jamais seuls face à une évaluation. Nous les accompagnons pour qu’ils bénéficient dans leurs enquêtes de taux de réponse particulièrement élevés ; nous les aidons dans la constitution des questionnaires comme dans leur analyse. Et bien sûr, nous accompagnons nos grands comptes à l’international, dans 120 pays.
Propos recueillis par Michel Diaz
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