Des standards pour tracer et piloter la formation
Sébastien Fraysse
consultant et développeur indépendant
Plus d’une décennie après la généralisation de SCORM, un nouveau standard a vu le jour en 2013… « Experience API » ou « xAPI », plus connu sous le nom de « Tin Can » est annoncé comme le successeur de SCORM : 2014 devrait être le début d’une phase de transition… Il est temps de tirer quelques leçons pour se projeter dans l’avenir !
Les promesses de SCORM et AICC ont-elles été tenues ?

SCORM et AICC promettaient de nombreux avantages. On peut aujourd’hui dresser un bilan mitigé. D’un coté, le tout premier objectif de ces standards, à savoir assurer une traçabilité pour des raisons règlementaires, a globalement été atteint. Certes, déployer un contenu SCORM sur une plateforme réserve parfois quelques surprises et on est loin d’une parfaite compatibilité entre ces 2 mondes. Mais il est devenu assez simple de tracer les notions de temps passé et de complétion, ce qui constituait une obligation pour certains secteurs industriels.

SCORM et AICC ont en revanche échoué à plusieurs titres. En tout premier lieu, ils n’ont pas su évoluer avec leur époque. Restés figés dans le début des années 2000, ils n’ont pas su s’adapter au Blended Learning et aux approches informelles actuelles. SCORM et AICC restent des standards orientés « parcours e-Learning ». L’autre écueil notable concerne leur capacité à fournir des rapports utiles au pilotage de la formation : aider un tuteur à prendre les bonnes décisions, détecter des anomalies de conception, etc. En fait, on ne peut pas ici incriminer les standards eux-mêmes, mais la façon dont nous les utilisons, qui nous pousse à focaliser sur le déploiement des contenus et à négliger la dimension « reporting ».

Ce qui devrait changer avec « Experience API »

xAPI opère une vraie rupture avec son prédécesseur en supprimant nombre de ses rigidités et en s’intégrant à un monde numérique moderne. Il rend possible des scénarios de déploiement jusqu’ici impossibles. Un contenu peut désormais être une application installée sur un PC (ex. Serious Game), une App mobile, un simulateur, etc. Les informations tracées ne s’arrêtent plus à la notion de consultation de contenu, mais portent sur tout acte pédagogique individuel ou collectif, formel ou informel : réussir une mission en équipe, participer à un événement présentiel, partager des documents, visser un boulon, etc.

Enfin, les traces d’apprentissage ne sont plus prisonnières de votre LMS. Elles peuvent être échangées entre plusieurs systèmes (ex. LMS, réseaux sociaux, systèmes de gestion de la performance) pour dresser un tableau global de l’activité et des compétences de l’apprenant.

En guise de conclusion (provisoire)…

xAPI propose une vision très large et résolument innovante. Il reste à présent à souhaiter une adoption rapide par les acteurs technologiques du marché. Mais plus que tout, si l’on ne veut pas commettre les mêmes erreurs qu’avec SCORM et AICC, il faut encourager une approche pragmatique, centrée sur la principale valeur ajoutée que peut apporter un tel standard : offrir des outils de reporting permettant un pilotage efficace de la formation.

Sébastien Fraysse