Le LMS pour servir les enjeux de formation de l'UIMM
Le réseau formation de l'UIMM est sans doute le soutien le plus important des entreprises de la branche dans l'Hexagone... Evolution des programmes et modalités, gestion individualisée des compétences : la plateforme LMS sert des enjeux forts rappelés par Laurence Delord, Responsable Pôle Innovation-Développement…
E-Learning Letter : Quelques informations sur la place de la formation dans la branche d’activité couverte par l’UIMM ?…

Laurence Delord :
Notre Branche a pour enjeu de permettre aux entreprises industrielles de disposer des compétences dont elles ont besoin afin de mettre en œuvre leur stratégie et améliorer leur compétitivité. Pour répondre à ces besoins, notre organisation patronale s’est structurée depuis de nombreuses années, sur l’ensemble du territoire, pour être en capacité de former, sur les métiers industriels, différents publics :  les salariés en poste ou en reconversion, les jeunes – par la voie de l’apprentissage ou du contrat de professionnalisation – et également les demandeurs d’emploi. Notre réseau est constitué de plus d’une centaine de sites de formation, et s’appuie sur les compétences d’environ 3.500 experts et formateurs permanents.
 
Sur l’apprentissage, nous préparons les jeunes aux diplômes délivrés par le Ministère de l’éducation nationale sur nos métiers, du niveau CAP au niveau Ingénieur (et ce en partenariat avec le monde de l’enseignement supérieur), selon les besoins des industriels. Nous formons ainsi plus de 26 000 apprentis chaque année dans nos CFAI (Centre de Formation d’Apprentis de l’Industrie). En ce qui concerne la formation professionnelle continue, quelques chiffres encore, qui peuvent donner une idée de l’importance accordée par l’UIMM au développement et au renforcement des compétences nécessaires pour nos entreprises, nos AFPI (Association de Formation Professionnelle de l’Industrie) forment, chaque année, plus de 140 000 salariés , ce qui correspond à plus de 5 millions d’heures délivrées dans des parcours de formation individualisés et qualifiants, principalement dans les métiers de la production, de la maintenance, du pilotage de lignes et du management.

E-learning Letter : A quels enjeux répond l’introduction de la formation à distance dans votre réseau de formation ?

Laurence Delord :
L’enjeu de renforcer nos dispositifs d’Individualisation de la formation dans une approche compétences, et par voie de conséquence, de faire évoluer notre réseau et nos formateurs vers une réponse formation multimodale comprenant de la formation à distance… mais pas uniquement !

Il s’agissait aussi, il s’agit toujours, de répondre aux objectifs qui sont les nôtres, en particulier de mieux répondre en «juste à temps» et à coût maîtrisé aux besoins de formation exprimés par les entreprises… Ce qui passe par la capacité de former simultanément ou non différents types de publics de tous niveaux avec des flux variables, d’individualiser les formations grâce à la modularisation des parcours de formation construite à partir des objectifs professionnels et d’offrir le maximum de souplesse pour les entreprises et les stagiaires ou apprentis lors de la mise en œuvre des formations. L’objectif de traçabilité des acquis professionnels est aussi essentiel… Et j’insisterai de plus sur la mutualisation et la meilleure maîtrise des coûts d’ingénierie sur l’ensemble du territoire.

Notre stratégie de formation à distance s’appuyait aussi sur la volonté de doter le réseau d’outils encore plus performants et innovants liés aux nouvelles technologies de formation. Ce «mix modal», cette démarche de type blended learning, constitue un changement culturel dans la posture même de nos formateurs, ce que nous avons pris en compte par la mise en œuvre de parcours de formation complets pour les aider à se repositionner… Par exemple, apprendre à concevoir et animer une classe virtuelle, accompagner des apprenants à distance (e-tutorat), être membre et animer une communauté de pratiques, intégrer les usages du web 2.0 à leurs pratiques… Le tout dans une approche très opérationnelle.

C’est l’ensemble de notre réseau que nous avons ainsi sensibilisé à ces changements, et que nous continuons de suivre et sensibiliser en permanence pour faciliter l’appropriation du mix modal.

E-learning Letter : Une plateforme LMS est-elle indispensable dans un tel projet ?

Laurence Delord :
Dans un projet de cette ampleur, la plateforme LMS est indispensable. Elle permet notamment d’intégrer le positionnement nécessaire au processus d’individualisation de la formation et de diffuser, au niveau national, des ressources formatives, des séquences, des modules et des parcours de formation revus dans une approche compétences et de laisser chaque structure les personnaliser en fonction des besoins de l’individu.

Chaque formateur/concepteur peut enlever ou ajouter une activité formative et avoir une visibilité sur la progression de l’apprenant. Grâce au LMS nous pouvons aussi rapprocher les apprentis (l’un de nos publics) avec les entreprises… Centre de formation et entreprise se décloisonnent : le processus d’acquisition des compétences englobe la formation et la pratique en entreprise. Pratiquement par exemple, le maître d’apprentissage ou tuteur pourra valider une compétence acquise dans l’entreprise à l’intérieur du LMS et avoir une visibilité sur l’avancée de l’apprenti durant les moments où il se trouve dans le centre de formation. La plateforme devient un outil de « collaboration » au sens plein, entre le centre de formation et l'entreprise.

E-learning Letter : Quels étaient vos critères de choix du LMS ?

Laurence Delord :
Il nous fallait avant tout un LMS et CMS (content management system : système de gestion des contenus) capable d’être configuré en respectant une architecture nationale et locale avec des cloisonnements de « catalogues » et des hypothèses d’accès nombreuses… Un défi que bien peu de plateformes peuvent relever.

Parmi nos critères de choix figurait aussi la couverture de l’ensemble du processus "approche compétences" que nous mettons en place - positionnement, évaluations formatives et sommatives, composition de parcours personnalisés, traçabilité sur l’ensemble des modalités dispensées, possibilité de valider une compétence en action dans l’entreprise - et de la reporter dans le LMS…

Quant aux clés de réussite de l’ensemble du projet lui-même, rappelons que le respect des contraintes techniques, dont il ne faut pas sous-estimer l’importance, ne suffit pas… Il est impératif de prendre en compte les autres registres : organisation, ingénierie de formation et de compétences, accompagnement au changement…

E-learning Letter : Allez-vous étendre l’utilisation de la plateforme à d’autres domaines fonctionnels ?

Laurence Delord :
Le domaine touchant au «social learning» va vraisemblablement prendre de l’ampleur. En effet, nous avons déjà lancé des communautés de pratiques en utilisant la brique existant dans Cornerstone OnDemand. Les premières sont très opérationnelles, car leur activité impacte l’ensemble du projet. C’est par exemple le cas de la communauté «mutualisons» qui permet d’optimiser l’ingénierie des modules de formation par l’approche compétences, ou celles traitant du choix des partenariats avec les éditeurs de contenus sur étagère. Ces communautés sont devenues un élément clef et inattendu dans notre approche de conduite du changement.

Pour ce qui concerne la gestion des talents dont on entend beaucoup parler, et qui est supportée par notre plateforme LMS, elle répond sans doute à un vrai besoin des entreprises, notamment dans son imbrication avec la formation, mais pas au besoin propre de notre réseau de formation, dans la mesure où nos utilisateurs sont d’abord et avant tout des apprenants.

E-learning Letter : Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?

Laurence Delord :
Après deux ans de déploiement, nous souhaitons renforcer la convivialité et l’ergonomie de la plateforme par des modèles de pages d’accueil « graphiques » beaucoup plus attractives pour les apprenants et les formateurs que celles données par défaut. Avec le recul, je pense que ces développements complémentaires auraient dû être réalisés avant le déploiement initial du LMS… La première vision qu’ont les parties prenantes concernées est celle de l’outil, ce qui peut générer un a priori négatif préjudiciable à l’appropriation… Nos administrateurs LMS locaux n’étant pas des infographistes, nous les aidons ainsi à devenir les référents d’un outil apprécié, en parallèle de la professionnalisation de nos formateurs au cœur de notre réussite !

Propos recueillis par Michel Diaz
Laurence Delord
responsable pôle innovation et développement direction emploi formation
uimm