Le responsable formation peut-il sauver l’entreprise ?
Stéphane Waller
fondateur
meltis
CLO, pour Chief Learning Officer, voilà comment est nommé le Responsable Formation aux Etats-Unis. La version formation du CEO (dirigeant), COO (Directeur délégué), CFO (Finances), CMO (Marketing) est donc, ne serait-ce que par sa dénomination, désignée comme rouage central et indiscutable de l’entreprise. A la conquête de cette position « d’incontournable », le Responsable Formation est bien le mieux à-même de sauver l’entreprise. En effet, qui est à la fois au cœur de la stratégie, en ligne avec la vision d’entreprise, conscient des enjeux opérationnels et financiers mais aussi capable d’appréhender les besoins et les attentes des managers, d’anticiper les futurs besoins de compétences chez les collaborateurs ? Qui dans un système complexe, peut réussir le grand écart d’être à la fois un business partner qui prend en main la stratégie et à la fois un interlocuteur au contact de toutes les populations verticales et transversales de l’entreprise ?

Si l’entreprise fait face à quantités de dilemmes (stratégie long terme vs ROI court terme, faire plus avec moins de ressources, des clients qui veulent plus pour moins cher, des managers tiraillés entre vision stratégique et déploiement opérationnel…), elle n’est pas malade pour autant, en tous cas, pas plus malade qu’avant. L’entreprise est juste un système et par définition un système est évolutif, complexe, interdépendant. Ainsi, derrière ce titre provocateur de « sauvetage de l’entreprise » se cache bel et bien l’accompagnement de la mutation de ce système. Et l’interlocuteur idéal est bien le Responsable Formation, le responsable du développement des Hommes car, ne l’oublions pas, se sont bien les Hommes qui font l’entreprise. Et les Hommes d’aujourd’hui n’ont pas le profil des Hommes attendus pour demain. Ce sont eux qui feront l’entreprise de demain. C’est la prise en compte de leurs besoins, de leurs attentes, de leurs compétences, de leurs possibilités d’évolution qui permettra au système de perdurer.

Les missions du Responsable Formation sont d’ailleurs de plus en plus larges : communication interne, gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences (GPEC), développement des talents, intégration, gestion de l’interculturel… Il doit par ailleurs gérer des sujets de plus en plus complexes : réforme de la formation, digitalisation, maîtrise et optimisation des budgets, employabilité et individualisation des parcours, la tendance « bring your own learning »… tout en faisant preuve de créativité pour vendre ses idées, faire adhérer la direction et impliquer managers et collaborateurs. Il peut et doit utiliser la formation à sa juste valeur comme le puissant levier qu’il peut être et non pas comme une formation cadeau, une formation qui indiffère les collaborateurs, ou encore une formation uniquement légale. La formation n’est pas une campagne de vaccination annuelle qu’on administre par habitude mais un vrai outil de transformation pour l’entreprise de demain. Elle est là pour valoriser le capital Humain et accompagner le changement. Le Responsable Formation est quant à lui là pour « flairer », sentir, synthétiser, enrichir la stratégie, conseiller la direction, et souvent même gérer sa propre business unit. Il doit agir plus fort, plus vite, pour appréhender les besoins de chacun à la lumière des intérêts de l’entreprise, impliquer, TRANSFORMER. En permettant à tous de travailler ensemble, le Responsable Formation a les clés de la nouvelle entreprise : de la coopération et de l’agilité, il aide les Hommes à conscientiser l’effort à faire, l’apprentissage et la mise en pratique à réaliser, le changement à anticiper…

Ainsi, pour « sauver » l’entreprise, les dirigeants doivent laisser le Responsable Formation prendre le leadership et devenir un partenaire, un acteur stratégique incontournable qui contribuera à mener l’organisation vers le succès par l’évolution et la valorisation du capital Humain. L’entreprise devrait et doit être à-même de faire de lui le Chief Learning Officer dont elle a besoin à la fois dans sa recherche de rentabilité à court terme et dans sa vision de croissance à long terme. A elle de lui donner sa place au sein des dirigeants !