Démocratisons l’outil ! Plaidoyer pour le e-learning par Nicolas Hernandez, directeur associé chez 360Learning
360learning | 20 MAI 2013 | agrandir le visuel
Alors que les études réalisées sur le e-learning décrivent une situation basée sur des pratiques sectorielles anciennes et coûteuses, ne prenant pas en compte la migration métier nécessaire pour accompagner les progrès technologiques ; Nicolas Hernandez, directeur associé de 360Learning, prend le contre-pied de cette position et dresse un panorama sans concession du secteur, en partant du principe que l’avenir du e-learning passe par la démocratisation de l’outil.

La nouvelle ère du e-learning, c’est maintenant.

La prochaine évolution du e-learning ne doit consister en rien de moins qu’en sa démocratisation massive. Parce que le e-learning d’entreprise s’obstine depuis quinze ans à tourner en rond avec ses mascottes, ses modules Flash longs et rébarbatifs dont la nature même est incompatible avec les usages en vigueur sur le web.

Alors qu’HTML5 a remplacé Flash et que les interfaces de programmation web (API) ont rendu les précédentes normes obsolètes, le e-learning doit s’inspirer du mouvement d’ampleur amorcé outre-Atlantique pour renouer avec ses promesses initiales.

Enfin, les coûts d’entrée prohibitifs (de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour l’installation d’une plateforme et la même chose pour la création des modules) doivent être supprimés pour permettre cette démocratisation.


Massif, Démocratique et Qualitatif :

C’est l’essence même du e-learning, qu’il semblait  pourtant avoir perdu de vue depuis ces quinze dernières années. C’est sa mission et sa promesse originelle : industrialiser la formation en conservant une approche qualitative. Or s’il est massif, s’il est démocratique, c’est bien qu’il est social. Social au sens du web social certes, mais avant tout social au sens où sa mission est bien d’organiser la société. Social car démocratique. Social car ludique.

Le web social ne se résume pas à des pages de profils utilisateur, le web social synthétise ce projet d’échelle, le projet de toucher et d’interagir avec plusieurs centaines de milliers de personnes depuis un simple écran, en s’inspirant des usages en cours sur les Youtube, Linkedin ou Quora.

Quelques principes simples pour guérir le e-learning de ses travers depuis ces quinze dernières années :

- Développement des UGC : permettre à n’importe quelle personne possédant un savoir qu’elle souhaite partager, de créer immédiatement un cours sans aucune barrière : ni financière, ni technologique. C’est l’UGC, l’User Generated Content qui a fait le succès des Youtube et des Slideshares, en démocratisant l’accès à la technologie. Il faut des interfaces web simples, rapides, immédiates. Fini les interfaces admin des années 90 qui ont encore trop souvent cours dans le monde du e-learning.

L’interaction humaine au centre, l’outil ensuite : encore aujourd’hui, sur les plateformes e-learning, on ne sait pas qui est l’auteur du module proposé. A croire que l’on a absolument rien retenu de l’expérience de la formation en salle : ce sont les interactions humaines qui sont la source de la motivation. Une présentation systématique de l’auteur, c’est bien le minimum ! Observons Facebook, Linkedin ou Twitter : l’interaction humaine est le moteur de l’implication. Permettre à celui qui apprend de poser une question dans un forum où la réponse sera partagée avec les autres participants, permettre à plusieurs personnes de créer d’une façon collaborative leurs modules, afficher les visages humains des personnes qui interagissent : tels sont les grands principes d’un nouvel e-learning à visage humain.

- Mesurer : la mesure est la clé du progrès sur internet où il est possible de mesurer finement et en temps réel les usages. D’une part des chiffres globaux au sein d’une organisation pour savoir quelles disciplines sont les plus travaillées, celles où il y a des faiblesses. Des chiffres pour détecter les questions difficiles (celles où les taux de réussite sont faibles) et permettre de modifier immédiatement les modules en conséquence. Aujourd’hui, la représentation ne peut se contenter d’un simple tableau. C’est alors le champ de la data-visualisation (des graphiques interactifs dans lesquels on peut naviguer), qui doit être mobilisé pour fournir un accès ludique et immédiat au plus grand nombre.

Les MOOC comme référence

En dotant ses plus prestigieuses Universités de solutions de MOOC (Massive Online Open Courses) réalisés en partenariat avec des éditeurs web, le milieu éducatif américain est en train de redonner son sens premier au e-learning. Il s’agit d’un e-learning simple, qui prône des formats universels comme les vidéos et les présentations pour fluidifier la diffusion des savoirs à très grande échelle auprès de tous les publics. Pourquoi un tel engouement ? Parce que le e-learning renoue ainsi avec sa promesse initiale : former massivement à distance, avec une approche qualitative, et démocratiser ainsi l'accès aux savoirs.

En se référant à cette tendance, on verra alors naître un e-learning en phase avec ses promesses, un e-learning qui, à l’université comme en entreprise, répondra à l’espoir que l’on place actuellement en lui. Car les problématiques d’entreprise sont les mêmes : assurer la montée en compétence rapide des salariés en mettant l’humain au cœur du système ; mesurer les performances pour réagir rapidement et enfin permettre à chaque collaborateur de créer des formations en quelques minutes pour partager le plus largement possible ses compétences, à un budget accessible à chacun.

Les MOOCs ont ouvert une nouvelle ère pour le e-learning : une formation à distance démocratisée, massive, avec une ambition qualitative du plus haut niveau.

Nicolas Hernandez, directeur associé chez 360Learning
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