Pour ne plus confondre MOOC et e-learning
Les MOOC (cours en ligne, ouverts, massifs) et leurs déclinaisons en entreprise (COOC, SPOC) ressemblent au e-learning traditionnel qui est lui aussi en ligne, ouvert (quand les modules sont en self-service sur le web). Et puis un « Corporate Online Open Course » (COOC) ou un « Small Private Online Course » (SPOC) sont-ils si massifs qu’on le dit ? Pourtant il ne faut pas confondre MOOC et e-learning.

D’abord parce que le formateur trouve dans un MOOC ou ses déclinaisons une place que le e-learning lui contestait, sauf à le composer avec du présentiel (Blended Learning). Au contraire, les MOOC font la part belle au formateur, notamment à travers la capture vidéo de son cours, pris sur le vif ou, le plus souvent maintenant (dans les COOC en particulier) sous forme de courtes séquences filmées en studio.

On notera au passage cette autre différence avec le e-learning : les MOOC font un usage important du format vidéo - une tendance lourde de la formation distancielle, sous-tendue par l’usage des Smartphones et tablettes - quasiment absent des modules e-learning (sauf dans de grands catalogues sur étagère).

Produire un MOOC revient moins cher

Les MOOC, qui sont donc une sorte de pied de nez du formateur au e-learning (l’arroseur arrosé), offrent par ailleurs potentiellement des ressources pédagogiques d’une richesse sans commune mesure avec ce que révèlent les patrimoines e-learning traditionnels. Les contraintes économiques n’y sont pas pour rien : la production vidéo au niveau de qualité requis dans un MOOC reste d’un coût bien inférieur à celui du e-learning.

Garant de la cohérence de tout programme de formation (par exemple à travers le choix des activités pédagogiques) le concepteur-formateur qui se trouve en quelque sorte au centre de l’approche MOOC permet à celui-ci de délivrer des parcours complets, alors que le e-learning laisse souvent une impression d’émiettement, même intégré à des parcours blended learning.

Quel avenir pour l’approche e-learning ?

Le rôle dévolu aux échanges constitue un atout majeur des MOOC et de leurs déclinaisons, un point de différentiation clé d’avec le e-learning qui met chacun en position de consommer son module dans son coin.

La technologie n’est pas en cause : les plateformes LMS supportent souvent à présent les Réseaux Sociaux d’Apprentissage. Mais plutôt l’approche : le meilleur ciment d’une communauté, ce sont les travaux réalisés en groupe avant, pendant et après la formation (ces trois phases devenant partie intégrante de la formation dans un MOOC). Et il ne suffit pas que l’apprenant puisse publier son profil, donner son avis ou consulter un expert : le « Social Learning » doit aller au-delà de la proposition actuelle des plateformes LMS, en s’inspirant de la façon dont les MOOC traitent cette question.

L’approche e-learning reste néanmoins légitime, notamment quand elle est au service de la performance opérationnelle quotidienne, à partir de portails de formation qui font aussi office d’EPSS (Electronic Performance Support System). Légitime tout autant dans le cadre des formations métiers (sur mesure), surtout quand les modules e-learning ont su s’adapter aux attentes des utilisateurs (concentration sur les messages utiles/essentiels, accès à partir de n’importe quel appareil etc.). Des modules sur mesure qui pourront aussi trouver leur place sur la plateforme MOOC : e-learning et MOOC sont complémentaires.

Michel Diaz

Tribune initialement parue dans Focus RH