Rentabilité de l'apprentissage… et de la formation en entreprise
L'ANAF se targue d’avoir anticipé sur les recherche du professeur Lerman portant sur la rentabilité de l’apprentissage… A juste titre, semble-t-il : quand les grands esprits se rencontrent (un chercheur en économie de l'université de Washington et l'Association Nationale des Apprentis de France (ANAF) pour des propositions qui ne surprendront pas les responsables formation.

Rentabiliser l’apprentissage, une question que la plupart des responsables formation se posent : quel retour sur investissement pour la formation ? Question simple à réponse complexe ; affaire de variables, nombreuses, imprévisibles, interragissant : contexte de la formation, population-cible, objectif visé, dispositif de formation, transfert des savoirs au travail, stratégie d’évaluation, etc. Encore chacun de ces items constitue-t-il lui-même un ensemble de variables, la population-cible par exemple : fonction exercée, connaissances déjà acquises, culture digitale, niveau d’autonomie dans les apprentissages (voire style d’apprentissage), etc.

On ne n’étonnera pas que la formation produise le plus souvent des réponses génériques, sans trop entrer dans l’analyse de toutes ces variables, sauf à alourdir les budgets et à livrer trop tard les solutions dont ont besoin les salariés et les métiers.

Cependant, on n’est pas aussi démuni qu’on pourrait le croire. D’abord la technologie (déjà le bon usage des plateformes LMS) permet de confier aux machines une partie de la collecte des informations qu'on vient de mentionner, à partir desquelles sera construite la solution de formation. Ensuite, quelques grands principes, modèles et approches peuvent être utilement appliqués : ceux de l’andragogie, de l'ergonomie Web et mobile, du modèle de Kirkpatrick (pour l’évaluation des résultats de la formation) ou du "70.20.10" qui tente de réunir la formation et le travail dans un même cercle magique… Cette liste peut suffire pour débuter !

Les responsables formation ne renierait pas les conclusions auxquelles en arrivent sans s'être concertés le professeur Lerman et l’ANAF (dans le champ de l'apprentissage initial). Par exemple qu’il faut commencer par convaincre l’entreprise à qui l’on veut confier un apprenti, au motif que l’apprenti ne doit pas être seulement une charge (le temps à lui consacrer, les ressources matérielles qu’il consommera…), mais qu’on ne peut toutefois attendre immédiatement de lui qu’il soit aussi "rentable" qu’un salarié en poste depuis longtemps. Traduction entreprise : la formation doit encore et toujours convaincre les commanditaires potentiels (les métiers, la direction) qu’elle est utile, dans le langage des opérationnels ; une nécessité que les dispositions de la Réforme relatives au plan et au budget de formation rendent plus que jamais nécessaires. Que ces vidéos de l’ANAF soient destinées aux développeurs est de bon augure : on pourrait suggérer que les formateurs en entreprise soient aussi / ainsi formés à convaincre les commanditaires. Autre accord entre le chercheur et l’association : l’importance majeure que revêt la mise en application rapide des savoirs acquis, et finalement le principe d’action qui en résulte : l’impératif, pour Sakina Ben Khalifa, présidente de l'ANAF, "d'accompagner les jeunes avant et pendant les contrats alternés, et pour cela, de généraliser la démarche proactive". Et de résumer par une formule : anticipation des besoins imminents des entreprises par la formation et le conseil. Une problématique bien identifiée par les responsables formation : ne pas attendre la demande, l'anticiper, ce qui suppose un lien toujours plus étroit avec le business.

FD