Vers une formation toujours plus collaborative
Avec le numérique, la formation sera (est d'ores et déjà) collaborative… Ne serait-ce qu'en étendant les possibilités de collaboration avant et après la tenue du stage traditionnel, et en renforçant la participation d'acteurs - dont les managers - qui étaient souvent laissés pour compte du processus de formation…

La formation n'a pas attendu le numérique pour être collaborative

Le cours en salle en est une bonne illustration, au moins quand il est conçu et animé par un formateur professionnel : les apprenants collaborent entre eux ("pair à pair" et dans travaux pratiques en groupe), le formateur collabore avec les apprenants qui collaborent réciproquement avec lui. Car il s’agit bien ici d’échanges de savoirs et de pratiques, et non d’une relation univoque qui verrait le "sachant" délivrer la connaissance à son public : le formateur se nourrit de ce qu’il apprend des apprenants (et de lui-même dans l’épreuve de cette relation). Rien de neuf, là-dedans : le socio-constructivisme qui vaut dans l’éducation ou la formation première vaut a fortiori dans la formation des adultes, chacun venant avec une expérience et des buts de formation forcément partagés. D’autres acteurs interviennent : les experts de contenu (souvent le formateur lui-même) avant la formation, dans la phase de conception. L’avant-stage est collaboratif ; l’après-stage aussi : le manager joue un rôle clé dans l’appropriation des savoirs par application en situation de travail. Dans le format stage, le collaboratif est donc (potentiellement) partout : dans la salle de cours, au poste de travail ; avant, pendant, après la formation. Et le nombre d’acteurs nettement plus élevé qu’on pourrait le penser : apprenant, formateur, expert, manager... auxquels on pourrait ajouter tous ceux qui viennent en support !

La numérisation n’a pas supprimé la collaboration entre ces acteurs, malgré les craintes que ceux-ci en concevaient parfois. Au contraire, elle en a amplifié les possibilités en leur offrant (chacun dans son rôle) de puissants outils numériques immédiatement accessibles et simples d’utilisation - à commencer par ce qu'on pourrait désigner comme des "réseaux sociaux de formation", intégrés ou non dans les plateformes LMS.

Pour s’en tenir au seul stage, le numérique permet à la collaboration entre apprenants de s’étendre bien au-delà de l’espace et du temps du cours en salle. En amont : savoir à l’avance qui s’est inscrit, connaître le profil de ses co-apprenants (service d’appartenance, fonction voire expertise, etc.), échanger dans le cadre de la préparation du stage proposée par le formateur (classe inversée). En aval : les affinités électives ou de compétences sont prolongées dans la communauté numérique des alumni (qui s’est forgée pendant le stage). Collaboration "de tous les instants" aussi entre le formateur et les apprenants : c’est lui qui s’assure que le cap est bien gardé avant et pendant la formation, qui peut mobiliser les énergies post formation (ce n’est pas si simple) dans la production de savoirs et pratiques complémentaires, sinon dans leur mise en application. Collaboration consolidée / étendue à un cercle plus large : responsables métier, experts, concepteurs, managers peuvent être dotés d’une vue spécifique sur le réseau social de formation pour contribuer plus efficacement à la préparation puis à l’application de la formation terminée, toujours sous maîtrise d’oeuvre du formateur.

Le numérique favorise aussi la collaboration des participants pendant le stage : utilisation de learning / serious games (plus généralement mise en oeuvre des possibilités de gamification supportées par le numérique), de tableaux numériques interactifs, etc. Au passage, il faut souhaiter que les entreprises et les organismes de formation numérisent rapidement leurs salles : une bonne façon de préparer les salariés à s'approprier les nouveaux outils de leur autoformation.

Que le numérique vienne renforcer la dimension collaborative de toute formation : on n'en doute pas. Comme on ne doute pas qu'il permet à de vastes publics jusque-là oubliés d'accéder à la formation, c'est-à-dire aussi à la collaboration !

Michel Diaz