Le baromètre formation du GARF : un secteur en plein questionnement…
Le baromètre formation du GARF (Groupement des Acteurs et Responsables de la Formation) vient d’être présenté par son Président, Alexis Hluszko… Constat global inquiétant, 9 mois après l’entrée en vigueur de la Réforme de la formation professionnelle, et recommandations aux pouvoirs publics pour y remédier…

Parmi les 700 professionnels formation-RH adhérents à l’un des 26 groupes régionaux du GARF, 187 ont répondu. Un taux important qui traduit la sensibilité du secteur depuis l’entrée en application de la Réforme au 1er janvier 2015. Premier constat : une année pour mettre en oeuvre cette transformation globale constitue un délai déraisonnable ; ne pas s’étonner comme le mentionne le GARF que "l’écosystème français de la formation continue hoquète en cette année de transition"… On ne s’étonnera pas que formation s’appuie sur un recours croissant à des formateurs internes pour 90% des répondants : le GARF reste principalement une association de grandes ou moyennes entreprises. Idem de l’existence de campus d’entreprise et autres universités digitales (respectivement 35% et 20% des cas) ; surtout : un tel développement est en cours pour 60 % des entreprises sondées.

Autre tendance : le renforcement du lien entre formation et gestion des compétences, à travers l’existence d’outils de GPEC gérés par les responsables formation ; moment clé de ce lien : l’entretien annuel est utilisé dans 88% des entreprises pour faire remonter les besoins de formation. Le baromètre indique que "60% des entreprises affirment avoir une stratégie formation et une communication dédiées à leur politique formation et compétences"… Sans doute faudrait-il s’entendre sur ces termes, une stratégie de formation ne pouvant se limiter au plan de formation qui en fait souvent office. 62% des responsables formation-RH interrogés disposent d’un SIRH intégrant un SI Formation… l’effet grande entreprise, aussi ? Le baromètre pointe par ailleurs l’impact du digital dans les politiques de formation, ainsi que leur rôle croissant d'appui à la performance opérationnelle : on sort progressivement d’une formation qui semblait bénéficier, au moins en partie, d’une sorte de statut d’extraterritorialité (pas de comptes à rendre sur les résultats, mais sur la répartition des dépenses).

Gros morceau du Baromètre : les impacts de la Réforme, majeurs pour 34% des répondants, moyens pour 51%… 48% y voient l’opportunité de s’en servir pour pour développer ou poursuivre une GPEC ; et 44% ont déjà déployé les entretiens professionnels au printemps 2015, mais pour l’essentiel, c'est reporté à 2016 (70% affirmant vouloir les mettre en oeuvre à ce moment). L'étude permet de dresser un "constat global de déstabilisation du système", lequel "a perdu ses marques et doit se reconstruire". Pointée notamment la difficulté des OPCA à suivre les entreprises dans leurs besoins de financement de formation professionnelle continue. Ce qui n’empêche pas les entreprises sondées d’investir dans la formation : 42% y consacrant 3,2% de leur masse salariale, 38% investissant même 4,8%. Mais les budgets ne sont plus en hausse que pour 10%, et en baisse sur une seule année pour 25% des entreprises du baromètre. Des chiffres inquiétants dont on sait l’effet douloureux sur l’offre de formation. Il en va de même pour les achats formation externes : maintien dans 60% des cas mais baisse dès 2015 dans 36% des cas, au profit des efforts internes.

Sortir de cette phase de transition par le haut, cela suppose selon le GARF de repenser la définition de ce qui est de la « formation », et de prendre en compte en particulier des modèles d’apprenance innovants et le multimodal qui offrent des moyens beaucoup plus divers d’acquisition des savoirs et compétences. Prochain jalon : les Entretiens de la Formation Professionnelle du 1er décembre 2015 à la BNF.  Ensuite : il semble nécessaire d'assouplir le cadre des formations éligibles au CPF, d'en simplifier la gestion administrative, et de les élargir à des formations plus courtes et opérationnelles. Parmi les autres recommandations, on notera la nécessaire évolution du financement de la formation, qu’il s’agisse de l’engagement renforcé demandé aux OPCA, ou de la possibilité d’amortir fiscalement l’investissement formation des entreprises au-delà des 1%… (un serpent de mer).

Michel Diaz