De l'eau au moulin du social learning…
L'étude qui vient d'être publiée par Towards Maturity au Royaume-Uni confirme la forte volonté des responsables formation locaux de développer le Social Learning dans les prochaines années… Les entreprises françaises y viendront sans doute à leur tour, avec un peu de retard.

Towards Maturity est une société d'étude à la pointe du Digital Learning sur le marché britannique. Ces travaux faisant référence, sa dernière livraison donne de précieuses indications sur des évolutions qu'on pressent aussi en gestation sur le marché français.

Premier constat : le plébiscite de l'apprentissage collaboratif : pour 91% des responsables formation interrogés  (Chief Learning Officers), c'est une modalité essentielle ou très utile pour apprendre ce dont on a pratiquement besoin dans son travail au jour le jour. Un poids encore plus important (96%) pour les nouveaux embauchés : les entreprises ont tout intérêt, en effet, à réduire la taille des programmes de formation en salle qui pourraient trop longtemps éloigner les nouveaux salariés des opérations.

Le collaboratif, c'est bien… encore faut-il que les "sachants" soient prêts à partager ce qu'ils savent. C'est le cas dans 80% des cas, mais 70% seulement des salariés de plus de 50 ans acceptent de jouer le jeu : crainte de partager un savoir qui leur apparaît comme une sorte de garantie de maintien dans l'emploi ?

Si le cours en salle (et plus généralement la formation structurée) continue de jouer un rôle important pour les sondés, les modalités directement associées au social learning ou cette orientation "efficacité" relevée par l'étude - e-learning, Mobile Learning, notamment - sont considérés comme utiles ou très utiles : 75% des répondants notent une forte motivation pour apprendre en ligne, soit pour faire son travail plus vite et mieux (intégration plus poussée de la formation et des tâches au poste de travail), soit (la moitié des répondants) pour obtenir une promotion ou se développer personnellement. Autres indications de l'usage du e-learning données par l'étude : l'apprentissage hors l'entreprise dans le cadre du trajet quotidien (Mobile Learning) est principalement pratiqué par les managers (56%) et les nouveaux embauchés (59%) ; par ailleurs ce sont les vendeurs qui semblent les plus sensibles (49%) à la formation "juste à temps" : même constat pour les entreprises françaises en général et les PME à réseau en particulier, où la formation au lancement d'un nouveau produit ou aux valeurs de la marque justifie souvent les premiers investissements dans le Digital Learning.

En regard de ces attentes des salariés, les responsables formation sont les premiers à admettre que l'usage des apprentissages en ligne n'est pas si simple : 60% des apprenants rencontrent des difficultés à trouver le temps d'apprendre en ligne (dimension conduite du changement ? aussi bien pour les apprenants que pour leurs managers), quand 40% ne trouvent pas la réponse à leurs besoins dans les offres actuelles (dimension contenus). Il y a d'autres obstacles au e-learning : celui de la technologie (mentionné par les salariés les plus âgés : 29% Vs. 16% pour l’ensemble des répondants) ; celui déjà évoqué de contenus ne répondant pas aux besoins (mentionné par les plus jeunes : 45% Vs. 29%). L'étude fait apparaître une sorte de particularisme générationnel : les plus jeunes salariés sont 2 fois plus enclins à apprendre en ligne… Les réponsables formation devront faire avec cette diversité de profil d'apprentissage !

Quant aux facteurs de succès, ils ne surprendrons pas : pour 81% des responsables interrogés, c'est le soutien du manager qui l'emporte (mais 58% considèrent que celui n'y consacre pas assez de temps). Progrès que le manager pourrait accomplir ? Dans la discussion des objectifs de formation avec leurs collaborateurs (seulement 33% s'y adonnent…), ou dans la mise en application des savoirs acquis (seulement 49% d'entre eux semblent s'intéresser à ce prolongement de la formation).

Pour en savoir plus (en anglais) : Towards Maturity

Michel Diaz