Transformation digitale des organisations : les salariés en première ligne
La récente étude menée par Télécom Ecole de Management traite de l’accompagnement des salariés dans la transformation digitale des organisations… Ce n’est pas un luxe !

Une étude réalisée par les étudiants de Télécom Ecole de Management (TEM) et supervisée par Emmanuel Baudoin, responsable de la section Management des Ressources Humaines à TEM, menée auprès de 255 salariés de tous secteurs d’activité.

Premier constat : plus de 90% des répondants estiment que le numérique a un impact majeur sur leur métier et leurs compétences. Un impact variable en fonction des secteurs et des métiers, l’étude ayant le mérite de proposer une classification dans laquelle les salariés pourront facilement se reconnaître. Première catégorie : celle des métiers nés du digital, du web notamment ; il n’est pas seulement question ici de métiers à dominante technologique : on sait que le web a permis l’avénement de nouveaux modèles économiques (Cf. Netflix ou Uber pour ne citer qu’eux) qui entrent bien dans cette 1ère catégorie. Viennent ensuite les métiers transformés par le digital, qui vient en changer en tout ou partie le contenu ou les compétences nécessaires à leur exercice. Puis les métiers dont l’activité principale ne change pas fondamentalement mais dont la gestion est améliorée par le digital (ce que les auteurs voient comme une source d’opportunités). Enfin les métiers directement menacés, potentiellement remplaçables par le digital.

Chaque métier tentera de se situer dans l’une de ces catégories. Les professionnels de la formation ne craignent pas, semble-t-il, d’être remplacés par des outils numériques. Ils ont raison jusqu’à un certain point, car le digital pourrait avoir une responsabilité dans le tassement des emplois de la formation depuis le début de l'année (même si l'essentiel de ce tassement semble pouvoir être imputé à la mauvaise mise en oeuvre de la Réforme… laquelle est au moins en partie une réponse aux coups de boutoir du digital). Mais l’opinion partagée, c’est que la fonction formation verra la gestion de ses activités améliorée par le digital (3ème catégorie), ou que certains de ses métiers seront transformés dans leur contenu et leurs compétences (le formateur se doublant d’un e-formateur, par exemple, pour animer des classes virtuelles).

L’éude propose par ailleurs 4 compétences digitales clés qu’elle markete sous le nom de TIRM…  T pour compétences techniques : notamment capacité à utiliser les fonctionnalités d’un logiciel (exemple : outil auteur, plateforme LMS, logiciel de business intelligence…) ; I pour compétences informationnelles (champ de la formation : curation des informations et ressources pédagogiques disponibles sur le web) ; R pour compétences relationnelles (communication avec l’e-mail, les réseaux sociaux, la visioconférence…) ; M pour compétences métacognitives (capacité d’un individu à analyser et améliorer ses compétences). TIRM : dans le monde tel qu’il va, quel métier échapperait en effet à cette remise en question ? Et les formateurs ne devraient pas avoir trop de difficultés à mobiliser les compétences qu'ils possèdent déjà : on peut escompter qu'ils sont normalement bien armés sur R et M.

L'autre constat de l'étude, c’est qu’au-delà de cette prise de conscience généralisée, les salariés semblent vouloir s’engager personnellement dans l’acquisition de leur TIRM. Un engagement qui se traduit par le plébiscite en faveur de l’autoformation : 95 % des répondants utilisent l’autoformation (parfois des MOOC) ou procèdent par "Social Learning" (91,7%)… Quand 52,5% seulement ont recours aux formations en entreprise. Une faible majorité de salariés font confiance à leur entreprise pour les sensibiliser au Digital Learning, et donc anticiper sur le maintien de leur emploi ! On saluera au passage ces entreprises (Orange, Pernod-Ricard, L’Oréal…) qui développent de vastes programmes de mise à niveau digitale pour leur personnel. Pour les autres, l’étude pointe l’intérêt que pourrait représenter le CPF (Compte Personnel Formation)… une toute autre histoire !

Lien vers l'étude : Numérique et l'évolution des compétences des salariés

Michel Diaz