Community manager : un nouveau rôle pour la formation
Poursuivre les échanges avec les apprenants après la formation, transformer un collectif éphémère d’apprenants en une communauté de pratiques qui continue de produire savoirs et savoir-faire : une ambition maintenant accessible aux formateurs grâce aux plateformes LMS avancées.

Community management ? Animer des groupes d’experts, d’apprenants ; identifier et mettre en avant les meilleures contributions ; nourrir ces groupes, ces communautés, par des défis pour maintenir un niveau de conversation suffisant… En ligne le plus souvent, pour d’évidentes raisons (souplesse, optimisation des coûts), même si l’écrit peut rebuter certains ; mais le regroupement présentiel n’est pas exclus : la preuve par ces séminaires annuels, où une communauté peut se retrouver "dans la vraie vie".

On conçoit que la fonction de "community management" (animateur de communautés) puisse devenir une responsabilité à part entière de la formation. En effet, les dispositifs qui se sont progressivement centrés sur les apprenants ("l’orientation apprenant") commencent à prendre en compte la dimension sociale de l’apprenant (dimension que l’on connaît de longue date, notamment par l’observation des comportements en salle de cours) : le département formation dispose aujourd’hui des technologies numériques (web, mobile, réseau social de formation, portail de formation, etc.) pour voir émerger ces pratiques d’échanges à grande échelle.

Au-delà du stage, les communautés d’apprentissage...

Si les outils peuvent beaucoup, ils ne sauraient remplacer la réponse à des questions vieilles comme le monde. Et la première d’entre elles : quel est le ciment d’une communauté ? Des valeurs (une culture), un challenge (un bon moyen en général de polariser le niveau d’engagement des membres). Application à la formation : rien de plus simple, semble-t-il, que de définir une communauté d’apprentissage comme l’ensemble des apprenants d’une même thématique de formation. Exemple de communauté d’apprentissage : le groupe réuni dans le l’espace et le temps unifié du stage présentiel.

Nombre de formateurs auraient préféré qu’elle se soit constituée avant, que les apprenants aient pu faire connaissance avant le stage, qu’ils se soient ensemble préparés à le suivre (par exemple, dans le dispositif de classe inversée). Des formateurs qui souhaiteraient souvent aussi poursuivre les échanges après le stage, voire proposer aux apprenants de mener en commun des mises en pratique, de se perfectionner… Où l’on constate que la communauté d’apprentissage dépasse largement le temps du stage : cette extension, c’est justement la proposition des plateformes LMS disposant de fonctionnalités sociales.

La question du challenge

Le rôle de "community manager" commence ici : dans la volonté et la capacité outillées par la plateforme LMS d’étendre la durée de vie de ces communautés d’apprentissage en amont et en aval du stage (qui est encore la principale modalité de formation mise en oeuvre dans les entreprises).

C’est une responsabilité exaltante, consommatrice de temps, car il faut rappeler qu’une communauté ne persistera qu’à la condition d’avoir un objet engageant pour ses membres (ce que j’évoquais plus haut comme un défi / challenge). Il appartient à l’animateur de s’assurer que ce challenge existe (qu’il en soit à l’origine ou émane de la communauté), qu’il soit ponctué de jalons - notamment les "points de reconnaissance" individuels ou collectifs pour maintenir l’engagement -, qu’il soit nourri par des suggestions, sollicitations, communications aussi fréquentes que nécessaires, en lien avec la fonction de veille et de curation allant forcément avec la gestion des communautés.

La modération entrera par ailleurs pour une bonne part dans cette responsabilité d’animation. Pour revenir sur cette question du challenge, décidément primordiale (ce par quoi réussissent ou échouent les communautés), il est tout trouvé dans la formation : c’est celui de la transformation des savoirs en savoir-faire, notamment par la mise en situation de travail et par les échanges qu’elle peut susciter dans la communauté.

La responsabilité du formateur ou du community manager pourrait alors se prolonger dans l’évolution d’une communauté d’apprentissage en communauté de pratique, et renforcer le lien entre la formation et le travail.

Michel Diaz

Tribune initialement parue dans FocusRH