Mouvement sur le marché LMS : Saba définitivement acquis par le groupe Vector Capital
Le marché des LMS est fortement capitalistique : conquérir rapidement des parts de marché, tout en continuant d'innover, en particulier dans le cloud et la gestion des talents, et en maintenant une base de clients installés de longue date en licences logicielles, c’est le défi que Vector Capital aidera désormais Saba à relever.

L'époque héroique des pionniers est bel et bien terminée : les éditeurs de plateforme LMS (ceux qui peuvent se le permettre) doivent consentir d’importants investissements pour rester dans le jeu. C'est le cas de Saba depuis deux ans, pour qui c'était impératif : il lui fallait se doter d'une stratégie et des moyens lui permettant de renouer avec une croissance qui s'était étiolée. Question qui lui était posée, pour résumer : comment passer du seul domaine LMS distribué en licences logicielles à celui de la gestion (dite « intelligente » par Saba) des talents dont le « learning » ne serait plus qu’une brique (certes importante car constituant l'ADN de l'éditeur) d’un périmètre fonctionnel étendu incluant le recrutement, la gestion des carrières, des rémunérations et de la parformance… Qui plus est dans le cloud. Acrobatique ! D’autant que Saba, l’un des premiers acteurs du marché mondial des plateformes LMS, dispose d’une base de clients parfois équipés de développements spécifiques complémentaires.

Pourtant le pari est bel et bien en voie de réussir. La technologie tient la route, le périmètre fonctionnel s’est progressivement rapproché de celui des autres leaders du talent management, et les efforts marketing n'ont pas été mégotés, comme on a pu le constater avec une présence plus affirmée sur le marché français. Il était temps : l’entreprise semblait s’être un peu assoupie sur ses lauriers, et les clients devenaient plus réceptifs aux sirènes de la concurrence. Saba est de nouveau consultée dans les grands appels d’offre internationaux, et sur le marché français, au moins dans le périmètre LMS, et finit fréquemment dans la short list.  L'éditeur mise beaucoup sur le concept d'apprentissage automatique - une opportunité ouverte par le "big data" et l'analyse prédictive - qui permet à l'apprenant de se voir automatiquement proposer des contenus et services de formation correspondant à ses besoins… avant même qu'il en ait conscience ! Qu'on se le dise : pouvoir se former n'importe quand n'importe où sur n'importe quel terminal ne suffit plus, il appartient maintenant à la machine de nous ôter l'affre du choix entre les multiples propositions qui s'offrent à nous !

Si Saba a encore du chemin à faire (notamment pour rejoindre la société Cornerstone OnDemand dont les revenus mondiaux ne sont pas loin de représenter 3 fois les siens, et qui s’est étendue, elle aussi, au talent management après une grande réussite dans le domaine LMS), elle fait tout de même partie du peloton de tête. Cela n’a pas échappé au groupe Vector Capital : la transaction valorise Saba à 400 millions USD - un montant qui paraît raisonnable pour une entreprise comptant 2.200 clients dans 195 pays. Saba devrait pouvoir compter sur les moyens de poursuivre dans sa lancée ; Vector Capital étant une société d’investissement privée, Saba (ni ses clients) n’a pas trop à s'inquiéter d'un fagocitage au sein d'un ensemble industriel plus vaste, au contraire de SumTotal, un concurrent important, devenu une division de SkillSoft, lui-même acteur global (contenus, services, technologies) du Digital Learning.

Michel Diaz