Blended : alpha et oméga de la formation
Blend : mélange… Le blended learning a acquis ses droits de noblesse : il est aujourd’hui plébiscité dans les entreprises (et par les particuliers). Mais est-il bien si nouveau ? Ou fait-on du « blended » de longue date, sans en avoir toujours bien conscience ?

Il est loin le temps où l’on pensait qu’une modalité de formation - en l’occurrence le e-learning - pourrait remplacer toutes les autres. Entendre, principalement : remplacer le présentiel, car il semblait que toute la formation avait jusque-là tenu dans le seul format du cours traditionnel. A tort : le distanciel avait son mot à dire, il s’était immiscé de longue date dans les dispositifs de formation qui avait permis l’émergence du puissant courant des cours à distance. C’était certes surtout un distanciel« asynchrone » (se préparer avant un cours, « faire ses exercices »…) ; c’était aussi un distanciel synchrone : la formation linguistique n’a pas attendu l’avénement des classes virtuelles pour délivrer du cours par téléphone. Et puis, le présentiel n’était pas aussi monochrome qu’on voulait le faire croire… Les activités pédagogiques menées pendant un cours étaient, restent souvent encore variées - au moins quand elles sont conçues et proposées par un formateur compétent. Elles s’étendaient, elles s’étendent toujours plus en dehors de la salle de cours, notamment dans le cadre des formations « intra » débouchant sur une mise en pratique des savoirs acquis au poste de travail, avec l’éventuel soutien d’un service de monitorat (par le formateur ou le manager).

Le Blended Learning s’est donc imposé, non comme un nouvelle réalité : comme la prise de conscience que les prestations de formation ont toujours été nettement plus riches que le donnerait à penser l’illusion d’un choix binaire : le e-learning ou rien ! Cette prise de conscience a été aidée par l’irruption des technologies numériques, et les nouveaux formats de formation qu’elles ont rendu possibles. On faisait du « blended » sans le savoir ? On en fait maintenant en toute lucidité.

Le blended (le mélange) serait donc l’alpha et l’oméga de toute stratégie pédagogique réfléchie. Pour une raison de principe, d’évidence : chacun apprend à sa façon (affaire de cognition individuelle, de gestion des émotions et du désir dont on sait la part dans les apprentissages, etc.) ; aussi chacun varie dans ses modalités d’apprentissage (maintenant j’ai envie de lire un texte, tout-à-l’heure j’apprendrai d’une vidéo ou d’une conversation ou d’une nouvelle manipulation…) en fonction du lieu, du moment de la journée, de l’état intérieur, du contexte… Apprendre, c’est vivre - ce qu’on ne saurait enserrer dans une formule rigide !

Bref : étudier de plus près le blended learning et ses déclinaisons (blended learning 1.0, ou enrichi ou blended learning 70:20:10, ou etc.) et tout ce que lui apportent les technologiques numériques, c’est l’occasion d’une prise de recul salutaire sur la pédagogie. C’est la possibilité de développer et d’enrichir des pratiques existantes (qu’on ne saurait dévaluer au seul prétexte qu’elles préexistaient au digital) ; c’est créer du lien entre l’ancien et le nouveau…

C’est admettre que la formation a été, est et sera blended !

Michel Diaz