S’évaluer, c’est apprendre
Que disent ces tests proposés par la presse de loisir, auxquels on s’adonne parfois, non sans plaisir ou curiosité : cases cochées, lutte contre l’envie de jeter un coup d’œil aux réponses avant d’avoir terminé le test, enfin l’on s’évalue ? Une façon d’apprendre, aussi.

C’est ce qui se dit, et se démontre très sérieusement, comme le montre une étude de 2011 rapportée dans le New York Times (« To Really Learn, Quit Studying and Take a Test ») : on peut apprendre efficacement en se testant : trois groupes (d’étudiants), trois méthodes distinctes de préparation à l’examen : le taux de mémorisation / réussite est de très loin le plus important dans le groupe qui a utilisé l’approche test (réponse aux questions, feed-back), les deux autres groupes ayant bachoté ou mis en oeuvre des cartes mentales.

L’efficacité des tests est avérée dans les entreprises qui utilisent des modules e-learning plus particulièrement centrés sur l'évaluation. Rappelons que si, à l’instar de la plupart des modalités de formation, un module e-learning propose 3 types d'activités pédagogiques - apport de connaissances, mise en pratique et évaluation -, on constate que ces deux dernières se confondent fréquemment, la mise en pratique (au sens où on l’entend dans le e-learning) prenant toujours plus souvent la forme d'une évaluation formative à travers des questions de formats variés.

Cette tendance s'explique par les contraintes qui pèsent sur la production et la consommation des modules e-learning. Ceux-ci sont de plus en plus courts (souvent moins de 10’, aujourd’hui) afin d’être joués en situation de travail sans trop empiéter sur les tâches du poste ; mieux que cela : devenus supports à la performance opérationnelle, ces modules s’intègrent de mieux en mieux dans le flux du travail. Cette nouvelle brièveté contraint les concepteurs pédagogiques à se concentrer sur l'essentiel : les messages (connaissances) que les apprenants ont à retenir et la vérification de cette rétention (évaluation). L’absorption de la mise en pratique dans les activités d’évaluation n’est pas le reflet d’une quelconque paresse des concepteurs pédagogiques ! Preuve par le Serious Game  : quand on leur en donne les moyens, ils ne demandent pas mieux que d’élaborer des stratégies de mise en pratique hautement sophistiquées.
 
La place faite à l’évaluation s'explique aussi par son efficacité. Efficacité pédagogique dont les études, nous le disions, confirme la réalité, dès lors que l’évaluation formative ou sommative s'accompagne d'un solide feed-back à l'apprenant - répondant. La séquence - Je réponds à une question ; bonne réponse, je passe à la suivante ; mauvaise réponse, feed-back : on m’indique où j’ai échoué, et quelles ressources je dois consulter pour repasser le test avec une meilleure chance de réussite -, cette séquence peut être d’une efficacité pédagogique redoutable, si l’on permet à l’apprenant de passer le test autant qu’il est nécessaire.

Ce qui vaut pour les modules e-learning peut être étendu aux autres modalités de formation qu’on trouve combinées dans le blended learning : l'évaluation mixte (ou blended evaluation) rend alors de précieux services aux nouvelles stratégies pédagogiques.

Michel Diaz