De la rupture digitale à la stratégie de formation
A partir de quelle vision le département formation peut-il réinventer sa stratégie ? Quelle part le digital va-t-il y prendre ? Un peu de curiosité, et de sens analogique aident : la rupture digitale est partout ; elle arrive dans la formation qui peut se nourrir des analogies offertes par les nombreux métiers et activités déjà transformés par le numérique.

La principale question qui se pose aujourd’hui aux responsables formation est celle de la stratégie Digital Learning, tout simplement devenue celle de la stratégie de formation «  en général ». Pour une bonne raison : il n’y a plus de stratégie de formation, dans la grande entreprise ou la PME, sans numérique. Cela ne signifie certes pas (quoique...) que toute formation, quelles qu’en soient la population-cible ou la thématique, doive en passer par le digital... Mais cela signifie qu’il n’y aura bientôt plus de dispositifs de formation qui n’offrirait une proposition digitale plus ou moins sophistiquée.

Stratégie de formation, donc. C’est-à-dire mise en oeuvre d’une feuille de route notamment dotée d’un plan d’action et d’un budget détaillés, et des décisions de fond portant sur les attentes des salariés et des métiers à servir, le design des dispositifs (ingénierie de formation) et des modalités (ingénierie pédagogique) qu’ils viennent combiner, la stratégie d’évaluation des résultats de la formation et ses indicateurs, les processus de production et de diffusion des parcours de formation, les technologies qui les supportent, etc.

L’objectif est donc fixé : le département formation doit disposer d’une note d’orientation et d’un plan à 3-5 ans (agiles, actualisés chaque fois que nécessaire, i.e. au moins tous les ans), sur lequel la direction (DRH et direction financière, a minima) aura donné feu vert, et qui servira d'outil de liaison avec les métiers pour communiquer sur cette nouvelle valeur ajoutée de la formation.

Remontons d’un cran : toute stratégie repose sur une vision. La puissance d’une vision, souvent quelques mots ou une image de l’avenir pouvant mobiliser d’énormes énergies dans et hors entreprise, cette puissance est telle, parfois, qu’elle permet d’alléger la stratégie des nombreux détails qui pourraient l’alourdir. Un peu comme une forte culture d’entreprise permet au salarié de décider ou d’improviser dans des situations inédites sans en passer par la consultation d’une bible de procédures.

Nouvelle question : comment s’élabore une vision des services qui seront offerts par le département formation, des dispositifs et organisation, des moyens à mettre en oeuvre, etc. ? Autrement formulé : comment développer le leadership du responsable formation (dans l’optique où le leader porte la vision) ?

Il y faut un peu de curiosité... pour ce qui se passe hors champ formation ! Car la rupture digitale est partout (universalité) : elle touche la plupart des activités, des particuliers, des salariés, des métiers, des entreprises. Etudes de cas : banque, assurance, tourisme, presse, édition, agences immobilières, grande distribution, retail, etc. On n’a que l’embarras du choix : en quoi le digital a déplacé les frontières, changé les métiers (dont certains sont en train de disparaître), permis d’innover, d’augmenter la valeur, pour les clients, des nouveaux services ? Curiosité et sens de l’analogie : le responsable formation peut projeter ces scénarios dans le champ des systèmes et des fonctions dont il a la charge, pour s’ouvrir les horizons insoupçonnés d’une vision rénovée, et d’une stratégie de formation réinventée grâce au digital.

Michel Diaz