Variations sur les chiffres du Digital Learning
e-doceo et l'ISTF, sa filiale formation, brossent le paysage du Digital Learning dans les entreprises françaises (plusieurs centaines d'entreprises sondées), sous forme d'une série de chiffres qui témoignent du long chemin restant à parcourir.

2 jours de formation traditionnelle en moyenne par salarié et par an : ce n’est pas lourd, rapporté au nombre de jours travaillés dans l’année. On comprend que le format stage soit contesté dans sa capacité à former au rythme des affaires. Il reste pourtant de loin la modalité de formation la plus utilisée, selon l’étude : 83% des actions de formation en moyenne dans les entreprises, contre 10% pour le e-learning seul (auto-formation distancielle asynchrone, principalement au poste de travail) et 7% pour la formation mixte combinant e-learning et présentiel. Mais 75% des entreprises ont testé le e-learning ; un chiffre qui n’a pas tant évolué ces dernières années : est-ce à dire que ces tests ne sont pas probants ? Sinon on pourrrait s’attendre à une plus grande densité du e-learning dans les entreprises (un indicateur qui a été mis en évidence par la récente étude Féfaur sur l’usage des plateformes LMS et Talent dans les entreprises françaises (novembre 2014)).

C’est le e-learning scénarisé qui prend le pas sur l’ensemble des modalités Digital Learning : près de 40% des entreprises lui donnent la préférence, contre 20,8% seulement pour la modalité rapid ou fast learning. Les entreprises sont donc loin d’avoir massivement internalisé leur production de contenus si l’on veut bien admettre que le e-learning scénarisé est sous-traité aux agences de création, quand le rapid learning est réalisé en interne (notamment avec les outils auteurs de la suite logicielle e-doceo). Serious game : 13,6%, on doute que cette modalité soit jamais appelée à vraiment décoller, sauf dans quelques domaines bien spécifiques à fort enjeu (la santé par exemple ou le transport aérien). Quant au social learning, il est réduit à la portion congrue. Ce qui ne doit pas inquiéter : l’entreprise pratique les apprentissages sociaux comme Jourdain la prose (et pas seulement autour de la machine à café) - c’est le social learning supporté par un réseau (numérique) social d’entreprise, généré ou non par la plateforme LMS, qui est encore très peu répandu (7,9%).

Quant au taux de complétude (le nombre de parcours de formation que les apprenants terminent réellement), il est de 60% en moyenne. Pas si mal. Sans doute en lien avec la brieveté des sessions e-learning :  ce serait une sorte de zapping effrené d’abandonner un module qui ne dure que 5 à 10 minutes (sauf à ce que sa qualité soit en dessous de tout). Et si l’étude remarque justement que le présentiel bénéficie d’un taux très élevé (90%), c’est qu’il est beaucoup plus délicat de quitter son stage avant la fin !

Facteur de motivation à l’entrée en formation : avant tout la capacité des contenus à répondre à des besoins métiers (22%), ce qui correspond au 3ème facteur de captation de l’attention indiqué plus loin : 21% pour la qualité du contenu brut (c’est-à-dire la pertinence des messages et des connaissances proposées, relativement à un besoin de opérationnel). Mais le principal facteur de captation (on pourrait aussi parler d’engagement apprenant), c’est celui de l’interactivité, des exercices, du feed-back. On est là au coeur du sujet : un Digital Learning en prise directe avec les besoins opérationnels, apportant juste ce qu’il faut, permettant de vérifier instantanément si on a acquis les connaissances nécessaires.

Pas si simple !

Michel Diaz