Où en est le e-learning en France ?
Autre étude rapportée par e-learning Letter cette semaine : le baromètre Afinef résultant d’une enquête menée printemps 2014 auprès d’un panel d’entreprises françaises. Tonalité ? Le e-learning peut mieux faire…

Echantillon : près de 58% d’entreprises d’un effectif supérieur à 1000 salariés, dans les services et le commerce (50%) et l’industrie (36%) principalement. Bon point : 90% des entreprises interrogées utilisent le e-learning, à pondérer toutefois : il suffit qu’une entreprise l’ait utilisé une fois dans le cadre d’un besoin ponctuel pour répondre positivement à l’enquête. Une minorité d'entreprise (moins de 40%) sont venues au e-learning sur les 3 dernières années : celui-ci fait donc partie du paysage, il est dorénavant bien installé sur le radar des responsables formation et métier.

Les motivations n’étonnent pas, car elles prolongent en les amplifiant ce qui ressort d’autres études plus anciennes comme le Baromètre Européen du e-learning (CrossKnowledge - Féfaur - Ipsos). Pour 65% des entreprises, c’est la réduction des coûts de formation qui motivent les projets e-learning… Réduire les coûts unitaires sans toucher au budget global ? Ce serait rassurant pour l’offre de formation, car il s’agirait après tout de former plus de salariés, plus souvent. Mais c'est aussi de réduction du budget global qu'il est question, 43% seulement des entreprises souhaitant former plus de salariés à budget constant. Warning ! Autre motivation : renforcer la qualité et l’efficacité des formations (58%), sans plus de précision.

Les freins intéressent. Freins culturels en premier lieu (47,4%) - ce qui pointe le constat fait mille et une fois : le e-learning (au sens d’autoformation multimédia aysnchrone notamment) change à ce point tous les rôles - l’apprenant responsable de ses apprentissages, le manager créant les conditions du transfert, la formation en support tout au long du processus Kirkpatrick, une direction générale sponsor - que la conduite du changement devrait s'imposer comme un impératif. On est loin du compte : rares sont les départements formation dotés d'un réel budget de communication. Il est vrai que les freins budgétaires apparaissent en deuxième position (36,8%), loin devant, par exemple, les mauvaises expériences antérieures (18,4% : le passé serait en cours d'être soldé) ou les freins techniques (18,4%) - ces derniers, réseau informatique, postes clients, etc. touchant particulièrement le secteur public. Dans le contexte de pression budgétaire évoqué, tout investissement dans la conduite du changement se ferait au détriment des contenus ou de la plateforme… Pourquoi pas ? Ce transfert de poste dirait clairement l'importance que la formation accorde dorénavant à un aspects essentiel et encore sous-estimé du Digital Learning.

Quant à cette sorte de "densité du e-learning" mesurable par des indicateurs comme le pourcentage des salariés accédant au e-learning dans l'entreprise, elle laisse augurer d'une belle marge de progression, 44% des entreprises consultées formant moins d'un quart de leur salarié de cette manière. Un chiffre qui sonnera agréablement aux oreilles des éditeurs de LMS : il s'en faut de beaucoup qu'ils aient saturé leurs clients, alors que 71,1% des entreprises sont déjà équipées de plateforme !

Du côté des contenus, ce sont les compétences métier (sur mesure) que le e-learning vise principalement à développer (56,7%), les formations transversales - langues étrangères (53,6%), informatique et bureautique (46,4%), etc. - obtenant un tir groupé… Pourtant les contenus sur étagère (52,4%) dépassent les contenus sur mesure (48,7%) : (légère) incohérence méritant d'être éclairée ? Le Mobile Learning (10,2% des citations) fait figure de parent pauvre, plus encore que les serious games dont le score n'est toutefois pas fameux (21,9%).

Un chiffre surprenant, pour conclure : 36% des répondants estiment avoir eu recours à un MOOC à titre professionnel, alors qu'un sondage Opinionway affirmait six mois auparavant que 5 % des étudiants français seulement (18 % des enseignants) savaient ce qu'est un MOOC.… (Les sondages se suivent et ne se ressemblent pas toujours).

FD