OpenClassrooms veut apporter les MOOC aux entreprises
Pierre Dubuc, co-fondateur et dirigeant de OpenClassrooms, un leader du marché MOOC francophone, dresse le bilan avantageux de la start-up et confirme son ambition sur le secteur de la formation continue…

Quel regard portez-vous sur les évolutions du « marché MOOC » ?

Pierre Dubuc : La demande de MOOC est de plus en plus importante, dans le monde académique bien sûr, mais aussi dans les entreprises, particulièrement auprès des salariés qui en comprennent bien l’intérêt pour eux et pour leur entreprise. C'est une tendance qui concerne les entreprises de toute taille, même si nous  sommes principalement en discussion avec de grandes entreprises comme Google par exemple.

Quelques exemples de collaboration : SensioLabs nous a permis de créer une certification sur notre plateforme pour leur produit Symfony ; Tamento utilise OpenClassrooms pour diversifier ses activités de formation… Ce qui intéresse nos clients, c'est qu'un MOOC se présente comme un véritable écosystème intégrant du social learning, de la flexibilité dans les apprentissages, et qu'il mise sur l’autonomie des apprenants à quoi les entreprises ont grand intérêt. Par ailleurs le "ticket d’entrée" - 250 € par an par utilisateur - est effectivement attractif.

Comment la plateforme OpenClassrooms a-t-ell évolué depuis un an ?

Pierre Dubuc : Nous avons repensé l’expérience utilisateur et ajouté de nouveaux services renforçant la flexibilité et la facilité d’accès au cours dans différents formats. La grande nouveauté : pouvoir commencer son cours à tout moment et le faire à son rythme ! En particulier nous disposons aujourd’hui de plusieurs « classes virtuelles » qui se constituent en fonction des inscrits journaliers à un cours et qui disposent des mêmes outils de collaboration. 20 des 200 cours disponibles sont d'ores et déjà dotés de certificats de réussite.

Nous avons aussi fortement développé le "taux d’engagement", avec l'objectif de conserver le maximum des inscrits jusqu'à la fin du cours. Ce taux moyen est aujourd'hui de 10%, ce qui est plutôt élevé par rapport aux taux habituels. C’est le résultat d’un effort considérable portant aussi bien sur les formats, la durée et le calendrier de nos cours (des sessions courtes de 6 semaines maximum) que sur le travail hebdomadaire demandé à des apprenants par ailleurs engagés dans des activités professionnelles. Notre expertise en ingénierie pédagogique est largement reconnue par le marché, tout comme notre capacité de production de cours en ligne ouverts et massifs et de services associés : par exemple nous pouvons corriger plus de 2.000 devoirs en 72 heures grâce à la correction entre pairs qui se fait de façon automatique et simple pour chaque apprenant. Toutes les données produites par les utilisateurs - nombre d'inscrits, de devoirs corrigés par les élèves, de certifiés, etc. - sont suivies et accessibles, globalement ou, plus spécifiquement, pour un groupe d’apprenants.

Quel est votre modèle économique ?

Pierre Dubuc : Nous nous appuyons sur un business model de type Premium, offrant aux abonnés qui le souhaitent d’accéder aux certificats de réussite, de se former plus souplement avec le concept "Apprendre à son rythme", de télécharger des vidéos et des eBooks issus des cours ou en complément des cours, les éditeurs Eyrolles et Dunod venant par exemple de rejoindre notre plateforme pour proposer leurs eBooks.

Ce modèle Premium permet également de payer des droits aux auteurs et créateurs de contenus. Nous continuerons de faire coexister le gratuit et le payant, dans ce qu'on qualifie habituellement de modèle freemium, pour conserver le principe de base d’accès gratuit aux contenus, et payant pour les services à plus haute valeur ajoutée. Il s'agit d'un modèle de masse, comme vous l'aurez compris, compte tenu d'un abonnement qui ne coûte que 20 € par mois ! Un modèle qui séduit les entreprises à la recherche d'économies et de souplesse, et les OPCA qui continuent de jouer un rôle majeur dans le conseil et le financement de leur formation. Je veux saluer au passage le nouveau décret sur la FOAD, et plus généralement ce que la réforme dit sur les certificats de réussite : cela facilite grandement notre démarche.

Dans le jeu mondial des MOOC, quel avenir pour OpenClassrooms ?

Pierre Dubuc : OpenClassrooms est la première plateforme francophone en Europe : 2,5 millions de visiteurs sur le site, plus de 800.000 membres, 900 cours en ligne et depuis un an, 23 cours sous forme de MOOC, plus de 100 eBooks disponibles pour accompagner les cours, plus de 400 vidéos de cours ! Nous continuons de nous déployer rapidement grâce à nos partenaires contenus, tout en développant aussi nos propres cours.

Nous misons sur le mix qui a fait notre succès jusqu’à présent : qualité des cours, pédagogie et les ingrédients du social learning maîtrisé, dans un modèle économique vertueux. Il nous faut conserver notre longueur d'avance et passer le cap lié au déploiement stratégique d’une start-up, avec un fort accroissement du volume de cours, l’ouverture à de nouvelles thématiques et l’internationalisation de notre offre. Nous nous distinguons des simples distributeurs de contenus de formation par un partenariat approfondi avec les créateurs de contenu, les auteurs, les professeurs, les experts qui travaillent avec nos équipes d’ingénierie pédagogique. Et nous restons ouverts à tous ceux qui veulent se lancer dans cette approche !

Quant à la formation continue, nous souhaitons tout simplement convaincre les entreprises de l'intérêt qu'elles peuvent y avoir. Les MOOC représentent aujourd'hui une formidable opportunité pour former les salariés en évolution professionnelle ou en reconversion, les jeunes diplômés et plus généralement mettre à niveau l'ensemble des salariés facilement et simplement, de façon souple et continue.

Propos recueillis par Michel Diaz