La eFormation au Ministère de l'Intérieur… Penser la formation autrement
Isabelle Chauvenet-forin
sous-directrice de la formation et du recrutement
ministère de l'intérieur
Rencontre avec Isabelle Chauvenet-Forin, sous-directrice du recrutement et de la formation du Ministère de l'Intérieur… La eFormation sera au coeur du plan de formation 2015-2017 : formation de l'ensemble des collaborateurs, juste à temps, maillage plus serré de la formation avec les directions "métiers" et la DSI… Une transformation qui a déjà fait ses preuves sur plusieurs grands projets.

Quelles sont les missions de la "SDRF" du Ministère de l’Intérieur ?

Isabelle Chauvenet-Forin : La sous-direction du recrutement et de la formation est en charge de l’organisation des concours et des formations pour l’ensemble des personnels administratifs et techniques du ministère de l’intérieur ce qui représente un public de plus de 50 000 personnes à former. Notre action est à destination des juristes, des comptables, des ingénieurs, des cuisiniers, des chauffeurs, des assistantes sociales...La liste est longue. Et ces personnels travaillent sur tous les territoires métropolitains et ultramarins.

Les formations proposées couvrent de ce fait un large spectre : préparer les personnels aux concours et examens dans le cadre de la promotion professionnelle, proposer des parcours de la prise de poste à l’expertise dans les différents domaines professionnels clé, accompagner les personnels et les équipes dans les évolutions des missions, des outils et les réorganisations de structures. Nous devons souvent former plusieurs centaines de personnes réparties sur tout le territoire dans des temps très courts. C’est un des premiers éléments déclencheur du choix du e-learning : le « juste à temps ».

Quelles sont les grandes évolutions attendues du prochain plan de formation triennal ?

Isabelle Chauvenet-Forin : Actuellement, je prépare avec mes équipes le prochain plan national de formation pour la période 2015-2017. L’objectif principal de ce plan est de permettre à tous les agents d’accéder à une solution formation quelle que soit sa localisation sur le territoire. C’est une démarche qui implique bien sûr les directions « métiers » et l’encadrement car elle est intrinsèquement liée à la nécessité de faire évoluer nos compétences en même temps que nos modes d’organisations évoluent.  La multiplication des outils numériques  à côté des solutions pédagogiques plus classiques permet de viser ces objectifs et de proposer à terme une formation en continue.

La e-formation est partie intégrante de ces évolutions…

Isabelle Chauvenet-Forin : Le ministère de l’intérieur a fait le choix d’une plateforme MOODLE comme beaucoup d’universités. Les modules proposés sont des modules sur étagère ou créées sur mesure avec l’assistance de prestataires ou produits directement par mes équipes qui sont en train de se renforcer techniquement.

Cette année, de nombreux projets ont été lancés : une formation à la constitution du dossier de reconnaissance des acquis de l’expérience professionnelle qui est une des pièces maîtresse des oraux des concours et examens professionnelles, des modules pour les services des ressources humaines et les présidents des bureaux de vote dans le cadre de la préparation des élections professionnelles du mois de décembre prochain.

Nous développons aussi avec mes équipes des projets plus ambitieux : ainsi nous mettons actuellement la dernière main à un parcours pour les sous-préfets d’arrondissement qui mixera modules sur mesure, modules « sur étagère », accompagnement personnalisé à distance et classes virtuelles.

De telles expériences nous ont permis de mesurer le temps et l’exigence de qualité qui président à la conception de produits pédagogiques à distance.

Justement, quels enseignements tirez-vous du lancement de la e-formation ?

Isabelle Chauvenet-Forin : Développer une stratégie de eformation c’est avancer sur plusieurs terrains à la fois et associer tous les acteurs de la chaîne. Il est primordial de s’associer avec la direction en charge des services informatiques afin de lever les nombreux obstacles techniques. Mais c’est aussi travailler autrement avec les directions « métiers » car les outils qu’elles développent dans le cadre de l’animation de leurs réseaux ont un impact sur notre manière de penser et concevoir les dispositifs de formation. Intégrer la eformation et la développer c’est aussi faire évoluer le fonctionnement et les métiers de la structure formation. Enfin c’est l’occasion d’enclencher de vrais échanges avec les cadres et les organisations syndicales sur l’accès à la formation et sur son articulation avec le travail au quotidien…

Nous sommes donc obligés de remettre à plat tous nos modèles antérieurs et de penser autrement notre activité.

Propos recueillis par Michel Diaz