MOOC : de l'entrepreneur à la grande entreprise
Pour Jean-Paul Debeuret, gérant de www.tvdesentrepreneurs.com, offreur de formation leader auprès des entrepreneurs, les MOOCs contribuent à changer le paysage de la formation continue… Preuves : les 41 MOOCs éligibles au DIF, ou la curiosité des grandes entreprises pour sa plateforme chargée de contenus.
Quel bilan tirez-vous de vos premières offres MOOC ?
 
Jean-Paul Debeuret :
le site tvdesentrepreneurs a débuté dans la formation à distance en vidéo en 2007. A cette époque on ne parlait pas encore des MOOCs. Quand le phénomène des MOOCs a pris de l’ampleur, nous nous sommes dit que nous ne pouvions pas passer à côté mais qu'il ne s'agissait pas non plus d'aller au casse-pipe ! Nous possédons un catalogue de 1.100 formations enregistrées en vidéo par 320 experts différents (avocats, coachs d’entreprises, consultants spécialisés, experts comptables, notaires, etc.) que nous commercialisons sous forme d’abonnements : rendre ces formations gratuites, c'était renoncer à nos revenus. Pour concilier les 2 objectifs, nous avons organisé nos MOOCs en mettant en libre service pendant 10 jours 100 formations sur les 1.100 du catalogue, soit environ 20 heures de vidéo gratuites pendant 10 jours.  

Nous en sommes déjà à 4 MOOCs organisés en 2014, 4 "passeports" tous concernant les entrepreneurs :  Passeport pour entreprendre, pour gérer, pour développer, enfin pour transmettre. Ils nous ont apporté de la notoriété dans ce milieu et des nouveaux clients, notamment des incubateurs, pépinières d’entreprises et des cabinets d’outplacement. Ils nous ont aussi apporté des contacts dans les pays francophones intéressés par notre catalogue de  formations pour installer des écoles de l’entrepreneuriat en ligne dans leurs pays. Quant au MOOC du manager, il nous a permis de rentrer en contact avec des grandes entreprises ainsi qu'avec des fournisseurs de plateformes de e-learning qui envisagent de vendre nos ressources pédagogiques en même temps que leur plateforme.

Un bilan plutôt positif…

Jean-Paul Debeuret : En effet même si c’est beaucoup de travail d’organiser et d’animer un MOOC, dont nous avions initialement sous-estimé la charge. Un petit regret : celui de ne pouvoir délivrer nos MOOCs sur FUN (France Université Numérique) qui n’est pas ouverte aux entreprises privées, ce qui nous a forcé à créer un site web dédié par MOOC… Mais ça nous permet aussi, et ce n'est pas un mince avantage, de maîtriser l’ensemble du processus.
 
Quels prochains développements pour votre offre MOOC ?

Jean-Paul Debeuret :
Les MOOCs nous ont forcé à mettre en place des tests de validation de connaissances. Cette expérience nous a conduit à concevoir 41 programmes de formations avec tests de validation de connaissances réalisés en ligne, éligibles donc au DIF. Du coup, nous les avons packagés comme des offres DIF, comprenant un abonnement de 1 ou 3 mois de formation à la TV, les tests de validation de connaissances et les attestations correspondantes. Ces programmes sont vendus 89 et 139 €, soit 2 à 6 fois moins cher que des formations en salle et peuvent être réalisés hors temps de travail. Les TPE / PME qui ne gèrent pas le DIF y sont d'autant plus sensibles, on le sait, que le DIF constitue une vraie bombe à retardement sur le plan financier, un passif social non comptabilisé dans la plupart des cas.
 
Notre plateforme MOOC, avec ses 41 MOOCs / programmes DIF en ligne consommables en ligne 365 jours par an et 24h/24, constitue par ailleurs une vitrine de nos savoir-faire pour des grandes entreprises ou des réseaux d’accompagnements de créateurs qui nous demandent de les aider à organiser leurs MOOCs. Contenus, plateforme, présence de vidéos… Notre expérience les intéresse au plus haut point. Une tendance qui corrobore notre analyse : nous sommes persuadés que la généralisation de la 4G, la réforme de la formation professionnelle, la généralisation des MOOCs ou encore la diminution des budgets formation, vont faire évoluer très rapidement les offres de formation et qu’à ce niveau nous sommes plutôt en avance. Il reste à faire changer la croyance que la formation ne peut se dérouler qu'en salle avec un animateur et plutôt dans les heures ouvrables !

Propos recueillis par Michel Diaz