E-learning : la FFP mobilisée
Le e-learning est une préoccupation majeure, constante des organismes de formation… Comment l’intégrer, jusqu’où, dans des offres et pratiques de formation largement inspirées encore du modèle présentiel ? Quelles sont les nouvelles compétences nécessaires pour répondre aux attentes des entreprises qui semblent accélérer leur mise en oeuvre du Digital Learning ? Des questions, parmi d’autres, sur lesquelles la FFP (Fédération de la Formation Professionnelle) se penche sérieusement.
Des questions pour les délégations régionales, comme vient de le montrer la Délégation Champagne-Ardennes, lors d’une série de tables rondes qui se sont tenues à Reims sur la thématique du Digital Learning, de l’innovation en formation et de l’évolution des métiers de la formation, avec en invités Mathieu Heidsieck (X-PERTeam), Jean-Marc Tasseto (Coorpacademy), Nicolas Hernandez (360Learning) et Michel Diaz (Féfaur), pour ne citer qu’eux. Beaucoup de questions émanant des organismes de formation, se résumant à une, essentielle : comment prendre en marche le train du Digital sans cannibaliser l’exercice traditionnel de la formation, même si le format stage semble s’éroder inéluctablement ? Il aura été noté que les organismes de formation spécialisés dans un secteur d’activité (la banque, l’assurance, l’industrie pharmaceutique, etc.) résistent mieux que les généralistes, et que l’inclusion du multi-modal dans les offres est devenue indispensable pour passer la barrière des services achats.

Chantier en cours au plan national, aussi, pour la FFP qui n’a pas attendu le dépassement des seuils d’alerte, par exemple pour s’investir dans le FFFOD (Forum Français de la Formation Ouverte et à Distance) dont elle assure la présidence depuis sa création, et qui a délivré ses Onzièmes Rencontres à Caen en novembre 2013 sous le thème : « Nouvelles façons d’apprendre, nouveaux usages numériques, nouvelle économie pour la formation ». Autre action, cette fois concentrée sur l’innovation pédagogique : la thèse confiée à Catherine Mougin, doctorante, sur « l’analyse des innovations pédagogiques de 1985 à 2015 en France et au Québec – perspectives historiques, pédagogiques et technologiques »… Il faudra ronger son frein jusqu’à la fin de l’année 2015, au moment où la thèse sera soutenue, et espérer qu’aucune innovation pédagogique majeure ne sera d’ici là venue relativiser ce qui promet d’être un jalon intéressant. A cela, on pourrait ajouter le plan d’actions « Capital humain et formation professionnelle, investissements pour la compétitivité » (sur mandat de la DGCIS et de la DGEFP), porté par FFP, et visant à soutenir les projets innovants dans la formation professionnelle, à travers des recommandations fondées sur un état des lieux préalable : première réunion du groupe de travail prévue en septembre, avec la participation annoncée d’acteurs majeurs du e-learning.

Bref, le e-learning a plus que droit de cité, et la FFP rappelle la position qu’elle a défendue lors des auditions à l’Assemblée nationale et au Sénat pendant le débat parlementaire de la réforme du 5 mars 2014 : le e-learning ne doit pas être exclu de la définition de ce qu’est une action de formation. Un principe qui trouve ses prolongements dans les travaux de la Commission Innovation et Multimédia sur la mutualisation des pratiques de e- learning entre les organismes de formation, et dans le maillage avec d’autres institutions, telles que le GARF, qui était représenté au séminaire FFP du 19 juin 2014. L’enjeu est de taille : la formation professionnelle continue telle qu’elle se pratique en France depuis une cinquantaine d’années survivra-t-elle à la rupture digitale ? Dans quelle mesure ? A quelles conditions ? On n’a pas fini de se poser des questions…

Michel Diaz