La CFTC : un partenaire social pour la FOAD… sous condition
Passage en revue avec Jean-Pierre Therry, conseiller national CFTC en charge de la FPC, des conditions que doit remplir la FOAD pour qu'elle puisse être considérée par la centrale syndicale comme servant convenablement les attentes et besoins des salariés et des entreprises.
Le développement de la formation ouverte et à distance est-il un bien pour les salariés et les entreprises ?

Jean-Pierre Therry : Le développement de la formation ouverte et à distance doit répondre à la demande des salariés et des entreprises d'une formation plus  accessible et offrant plus d'autonomie ; elle constitue une approche de formation moderne, notamment pour les futurs jeunes formés. Mais il y a des conditions à sa bonne utilisation, comme la mise à disposition d’un matériel informatique et les accès internet ; de plus les modules de formation doivent répondre à une vraie demande des salariés sous peine de n'être pas être utilisés. Cependant, la FOAD n'est pas une formation au rabais, car la CFTC veille à ce que soient pris en compte des objectifs de norme qualité, que la formation soit en présentiel ou en FOAD… L’objectif poursuivi est la satisfaction du client.

Pensez-vous que la récente réforme de la formation professionnelle favorise le développement de la FOAD ?

Jean-Pierre Therry : La récente réforme de la formation professionnelle va en effet dans ce sens, car elle devrait permettre de mieux cadrer les conditions d’utilisation de la FOAD, en particulier en matière de traçabilité, et de faire des actions de ce type de véritables actions de formation intégrables dans la liste des formations éligibles au CPF (Compte Personnel Formation) ; au moins c'est ce qu'on peut imaginer !
 
Se former hors temps de travail, par exemple avec un MOOC ?

Jean-Pierre Therry
: Comme nous sommes attachés au télétravail quand l’emploi le permet, nous ne sommes pas contre des actes de formation réalisés en dehors du temps de travail, à condition que la demande vienne du salarié. Pour la CFTC, une formation programmée dans le cadre du plan ne peut être faite que pendant le temps de travail, surtout si celle-ci préside au maintien d’un emploi du salarié.

Ceci dit, que la FOAD soit considérée comme un nouveau modèle de formation ou bien qu'elle vienne compléter une action de formation en présentiel, nous défendons qu'elle doit être prise en compte comme une action de formation « classique » qui ne doit pas modifier les équilibres sociaux et économiques des individus et des entreprises sur la question du temps de travail sauf accord de toutes les parties concernées.

Quant aux MOOCs, dans la mesure où ils peuvent être utiles à l’évolution professionnelle, nous considérons qu'ils sont utilisables dans le cadre du CPF ou encore aujourd’hui du DIF, si la formation est coûteuse dans le cadre du CIF, voire de la période de professionnalisation.
 
Votre position sur la question de la confidentialité des données recueillies par les plateformes de FOAD sur les salariés en formation ?

Jean-Pierre Therry : On le sait : cette partie relève, entre autres, des compétences de la CNIL. A mon sens, les données doivent rester confidentielles et la question de l’individualisation de la formation doit résulter d’un échange entre le stagiaire et le responsable formation en amont de la formation et en suivi.

Cette question, comme celle ayant trait au temps de travail et de formation, et plus généralement à toutes celles qui portent sur les conditions de mise en œuvre de la FOAD dans les entreprises, sont suivies de près par la CFTC, et depuis de très nombreuses années. Nous militons dans le dispositif national FOAD, notre administrateur étant notre relai, par des propositions concrètes visant à faire évoluer le dispositif. En particulier, nous sommes très exigeants sur le rôle d’accompagnement auprès du stagiaire, ce qui s'est par exemple de nouveau traduit par notre vote positif, lors du dernier CNFPTLV, sur le décret précisant la description des moyens d’encadrement des formations. Pour nous CFTC, c’est la réussite du stagiaire qui en dépend ; nous n’avons pas le droit de nous tromper : notre pleine et entière responsabilité serait engagée par un stagiaire qui "irait dans le mur" si nous n’avions pas posé les garde-fous nécessaires à sa réussite.

Propos recueillis par Michel Diaz