Former, se former et apprendre à l’ère du numérique…
C'est le titre du dernier ouvrage de Denis Cristol, Directeur de l’ingénierie et des dispositifs de formation au CNPTF…
Le sous-titre "Social Learning" laisse à penser, au moment d'ouvrir le livre, que l’avènement du numérique dans le champ de la formation serait d’abord celui du Social Learning… bien qu'on en fît (du Social Learning, dans le sens qu'on lui donne par exemple dans le modèle 70/20/10) bien avant l’apparition du numérique : les fameux échanges autour de la machine à café (qui font sourire certains) ou plus sérieusement en réunion ou dans ces micro interactions entre un salarié et ses collègues autour d’un problème à résoudre. Ensuite le choix d’utiliser l’expression « Social Learning » consacrerait la difficulté de penser les « apprentissages sociaux » en français…

L’ouvrage maintenant. En 4 parties : l’humanité de la connaissance, les réseaux et écosystèmes d’apprentissage, la diversification des façons d’apprendre, les facilitateurs du savoir. Deux premières parties consacrées aux fondamentaux mâtinés d’apports des sciences de l’éducation et de théorie des réseaux que les lecteurs affamés de recettes à mettre en pratique pourront passer rapidement… Par exemple en allant directement aux idées clés : 60 mots ventilés sur 2 paragraphes pour résumer en effet 6 pages (chapitre : "Comment les réseaux contribuent à l’apprenance")… C'est un talent de savoir résumer.

La partie traitant de la diversification des façons d’apprendre contient un panorama utile des nombreuses modalités de formation apparues dans le sillage du numérique, et des besoins auxquels elles peuvent spécifiquement répondre. Liste aussi des objections faites au e-learning en général, et débuts de réponse qui pourront aider les responsables formation en charge de conduire ce changement dans les entreprises. Des informations qui traînent dans nombre d'autres ouvrages, mais une bonne application du principe de répétition qui fonde largement la pratique pédagogique.

C’est dans la dernière partie que les formateurs devraient pouvoir faire leur miel. "Les facilitateurs du savoir" et notamment ses chapitres : « Quels nouveaux rôles pour les formateurs ? », « Quelles relations pédagogiques installer à l’ère du numérique ? ».  Pas sûr toutefois qu’ils en sortiront rassurés et munis d’une feuille de route en bonne et due forme pour s’auto-transformer en facilitateurs. L’auteur rappelle qu’il faudra peut-être changer d’appellation : « Ne devrait-on pas utiliser un autre mot que le générique « formateur », qui renvoie à des formes connotées d’apprentissage et d’enseignement ? » Certes, car comme disait Camus « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » !

En même temps, on trouvera là (en filigrane parfois) tout ce qui agite la communauté des formateurs. Une autre raison de lire ce livre, dont le sous-titre continuera décidément d’interpeller : pas un des 60 titres de chapitre et sous-chapitre qui se réfère nommément au Social Learning. Dommage pour les lecteurs qui penseraient y trouver des éléments pratiques pour construire la stratégie Social Learning de leur entreprise. Le prochain ouvrage de Denis Cristol ?

Michel Diaz

Former, se former et apprendre à l’ère du numérique
Denis Cristol, chez ESF Editeur