Ingenium… Une certaine idée du Digital Learning
Ingenium confirme tout à la fois la professionnalisation du marché, offre et demande, et la montée en puissance d'un blended learning qui se dégagerait progressivement des schémas traditionnels… Passage en revue avec son Directeur, Olivier Lamirault
Un petit rappel des services offerts par Ingenium eLearning ?

Olivier Lamirault :
Depuis sa création Ingenium a choisi de se positionner sur l’ensemble de la chaîne de valeur du eLearning. Notre équipe est configurée pour répondre à ce qui constitue pour nous les 3 maillons de la chaîne de valeur de notre métier : l’ingénierie pédagogique, la production des ressources et leur distribution quelque soit le canal de distribution. Les savoirs, les technologies et les compétences sont internalisés, avec quelques appels à la sous-traitance, exclusivement en France.

Nous servons principalement deux marchés. D'abord celui des organismes de formation, des écoles et des universités, ce qui représente 40% de notre activité. Le deuxième marché couvre 50% de l’activité, c'est celui du e-learning sur mesure que nous gagnons sur appels d’offres et sur commande dans les entreprises. Le petit 10% restant est réalisé dans le cadre de projets européens. Petit en chiffre, mais important à nos yeux, car ces projets sont un moment privilégié pour nouer des partenariats, en France et en Europe, et pour continuer d'innover, ce qui est, tous les acteurs du secteur le savent, essentiel au devenir de chacun sur notre secteur. Je mentionnerai à ce titre le projet mené en 2013 pour l’EM Normandie avec plusieurs organismes de formation professionnelle, visant à introduire ce qu’il est devenu coutume d’appeler le « Digital Learning » dans les pratiques pédagogiques de cette grande école.

Quelques clients que je pourrais citer, pour vous donner une idée des thématiques variées sur lesquelles nous pouvons intervenir : Bosch, Schering-Plough, GfK ou encore Intertek et Elégia Formation, ou le GIP Esther en Afrique pour former des personnels de santé s’occupant des personnes atteintes du VIH et du sida. Pour nous chaque projet est un nouveau défi de coller à 100% des besoins du client quitte à tout développer et à tout coder. Ce qui est sûrement un élément de différenciation… Au moins nos clients nous le disent ! Avec ce que cela exige de réactivité et de flexibilité, d'écoute et de disponibilité. Une disposition supportée par notre indépendance technologique et notre avance en matière d'innovation pédagogique. Un vrai challenge compte tenu de la forte et belle professionnalisation d'ensemble du secteur !

Quelles seront les principales tendances du marché du e-learning cette année ?

Olivier Lamirault :
Le marché arrive t-il à maturité ? Depuis l’antique « formation par correspondance » jusqu’à l’actuel « Digital Learning » en passant par ce qu'on appelle la formation ubiquitaire, on peut se demander si le moment est enfin arrivé où l'on peut se poser la bonne question : comment construire et déployer les dispositifs permettant de bien former, au bon moment, les bonnes personnes avec les médiations et les outils adéquats !

Cette transformation en cours se traduit dans le paysage de l’offre. Les « pure players » n'ont plus le vent en poupe ; au contraire les « click and mortar » s'imposent progressivement. Autrement dit, l'offre est systématiquement au mix, au blended, au digital… mais certes plus au pur eLearning… même si du côté de la demande quelques rares grandes entreprises continuent à « balancer » du module à des milliers d’individus.

Certainement une pratique en voie de disparition, car les entreprises sont vraiment à la  recherche d'une pratique de la formation plus intégrée, fusionnant toutes les approches citées plus haut avec le face à face. Pour répondre à cette demande, deux couples sont à travailler : le couple médiation/médiatisation et le couple individualisation/différenciation. Ce qui est cristallisé par l’arrivée de la tablette numérique dans le champ des apprentissages, et l’accès à des réseaux de qualité. Désormais, le designer pédagogique peut élaborer un dispositif de formation en actionnant et en dosant ces différents paramètres avec un outil d’animation maître : la tablette. Il y a encore des freins bien sûr, notamment les coûts d’entrée pour l’entreprise (mise à niveau technologique, acquisition des matériels, formation des utilisateurs…) et, encore trop souvent, le risque induit par une technologie défaillante dans le déroulement d’une formation. Mais on n'est plus très loin de pouvoir écrire une très belle histoire à venir du « digital learning » et plus généralement de la formation !

En quoi votre offre Mix Learning innove-t-elle ?

Olivier Lamirault :
Nous sommes parti d’un postulat. La plateforme de formation n’est pas forcement utile au eLearning. À quoi nous avons ajouté, du rythme, de la variété, un peu de temps à donner à l’apprentissage et une belle pincée de convivialité. Notre offre blended évite l'écueil d'une distribution classique. Elle s’appuie sur un moteur que nous avons développé et qui permet d’appliquer la recette proposée ci-dessus. Les acteurs eLearning comme Gymglish nous ont bien inspirés !

Quant au MOOCs ?

Olivier Lamirault :
réponse pédagogique ou nouveau modèle économique ? Espérons qu’ils soient un petit peu des deux ! Ce qui peut intéresser l’entreprise dans les MOOCs, c’est l’apprentissage informel, le partage d’expériences entre pairs. Dans les MOOCs vraiment collaboratifs, il y a de la matière à récupérer qui peut vraiment intéresser une entreprise pour développer ses pratiques et son expertise dans un domaine.

Si la gratuité est très tentante, on peut constater, à travers plusieurs études dont celle mentionnée dans eCampus News de janvier, que la grande majorité des inscrits sont des cadres d'une moyenne d’âge située entre 30 et 40 ans. Ces études montrent également à quel point il est difficile de trouver la motivation pour se former et terminer une formation lorsque l’on est livré à soi-même. Ils sont peu nombreux à terminer ! Ce qui conforte notre constat  : une bonne formation est une alchimie de nombreux ingrédients pédagogiques et technologiques. A n’en pas douter, le MOOC fera partie des ingrédients mais il ne sera pas suffisant à lui tout seul, loin de là.

Propos recueillis par Michel Diaz