Tell Me More, une grande réussite de la formation linguistique à distance, d’origine française, passe dans le giron de Rosetta Stone, l’un de ses principaux concurrents… Un rapprochement qui vient après celui de Telelangue et Berlitz, encore récent… Difficile de rester indépendant dans un secteur où les investissements sont de plus en plus importants… |
Hors la technologie, on le sait, point de salut pour la formation, et les organismes de formation linguistique en sont un bon exemple. Il est révolu le temps où l’on pouvait se former seulement en salle ou au téléphone ; impossible aujourd’hui de se passer d’une plateforme technologique de type LMS social !
C’est que les départements formation ont leurs exigences, légitimes : l’organisme doit pouvoir délivrer des parcours de formation individualisées, instantanément, partout dans le monde. Il y faut une plateforme avec les fonctionnalités de base habituelles des LMS : diffusion de contenus numériques, tracking des temps, et des scores obtenus qui conditionnent le plus souvent le reste du parcours. L’évaluation étant une question clé de la formation linguistique : évaluation du point dont on part, évaluation des progrès, de la façon dont le salarié-apprenant remplit son « contrat d’apprentissage », nécessité de prendre en compte les attentes individuelles, les styles d’apprentissage…
Ces plateformes coûtent cher à développer, maintenir, faire évoluer notamment vers les fonctions sociales permettant de donner vie aux communautés d’apprentissage, de créer des liens entre co-apprenants qui viennent compléter la relation apprenant-tuteur supportée elle aussi par la technologie. Des investissements qui doivent aussi se porter sur le mobile learning, dont les apprenants sont particulièrement friands dans ce domaine… Entreprise technologique : c’est devenu une évidence pour les organismes de formation linguistique.
De ce point de vue le rapprochement entre Tell Me More et Rosetta Stone peut être une bonne affaire pour le second, sous réserve d’une bonne intégration des deux technologies utilisée par des milliers d’entreprises et des millions de particuliers dans le monde. La puissance de la base installée permettra de dégager les marges de manoeuvre nécessaires à leur évolution, alors que les utilisateurs donnent le ton, notamment dans les clubs utilisateurs (une suggestion pour les deux partenaires…).
Il faut dire que la cible est attrayante (Tell Me More pèse 18,5 millions d’euros de chiffre d’affaire, principalement dans les entreprises et l’enseignement supérieur) et que le prix payé par Rosetta Stone reste raisonnable (20,75 millions d’euros, soit un peu plus qu’une année de revenus). Surtout, après les opérations de ces dernières années, les cibles de cette taille s’étant raréfiées. Rosetta Stone devrait voir ses revenus croître à 100 millions de dollars, la contribution de Tell Me More sera donc plus que significative.
La complémentarité géographique constitue un autre avantage : Tell Me More est bien implanté en Europe (en particulier en France), une mosaïque de cultures et de réglementations formation toujours délicate àservir pour les entreprises américaines de taille moyenne comme Rosetta Stone.
On peut s’attendre à la rationalisation des deux catalogues de contenus et de services… On peut s'attendre aussi à la disparition de la marque Tell Me More au profit de cette « Pierre de Rosette »… (Rendons à Champollion ce qui lui appartient !)
Michel Diaz
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