Le e-learning, petit à petit
Les études convergent à ce résultat : les entreprises françaises continuent d'investir dans le e-learning… La dernière étude Kelformation conduit toutefois à tempérer les enthousiasmes…
L'étude Kelformation porte aussi sur l'accès des salariés à la formation. Le stage-événement n'est pas une figure de l'esprit : quelque soit le domaine de formation, la très grande majorité des salariés n'ont pas suivi de formation en 2012 : 88% d'entre eux n'ont reçu aucune formation métier (inquiétant), idem pour les formations managériales (moins inquiétant, car les managers ne sont qu'une partie de l'échantillon) ; quant aux formations aux langues étrangères, le très faible taux de 13% des salariés formés laisse à penser que les entreprises françaises sont déjà  polyglottes ou qu'elles se considèrent à l'abri du marché mondial ! La bureautique, seule, fait un peu mieux : 27% des salariés formés.

Le portail de formation et son partenaire (Le Figaro Etudiant) se sont aussi intéressés aux formats de formation : présentiel ou e-learning. Là aussi, pas de quoi pousser un cocorico ! Le présentiel l'emporte très largement, ce dont on se doutait bien. Tout de même … 3% seulement des salariés ont reçu une formation métier en e-learning : les PME en particulier sont-elles encalminées à ce point dans de vieilles procédures qu'elles sont aveugles à des dispositifs faits pour elles. Encore plus vrai pour les formations à l'hygiène ou la sécurité, sur lesquelles l'offre e-learning est abondante et de qualité… ou pour les langues étrangères : 4% des salariés se forment en e-learning contre 9% en présentiel, malgré les avantages incomparables du distanciel - à commencer par les coûts et l'individualisation - dans ce domaine.

Des raisons à chercher dans les inconvénients perçus du e-learning ? Premier inconvénient, de loin (44% des salariés interrogés) : le fait de ne pas avoir de contacts directs avec le formateur. Un inconvénient aussi pour 50% des salariés qui ont déjà suivi une formation e-learning. On n'en a jamais terminé avec la conduite du changement, et la qualité des dispositifs proposés aux salariés : le e-learning devrait au contraire être  gage de contact et de suivi tout au long de la formation dans des dispositifs bien pensés et convenablement mis en oeuvre. Deuxième inconvénient, cohérent avec ce qui précède : le fait d'être seul et autonome face à un écran (pour 35% des salariés ayant suivi une formation e-learning). La solitude de l'apprenant, sa capacité à s'autoformer : un rôle d'accompagnement tout trouvé pour le formateur ? D'autant qu'il faut s'autodiscipliner : une nécessité elle aussi perçue comme un inconvénient par 25% des salariés.

Comment les salariés et les entreprises choisissent-elles parmi les nombreuses offres e-learning ? D'abord par le contenu (49%), on est rassuré. La qualité des supports pédagogiques vient en second (35%)… Le contenu en ligne ne suffirait pas, il y faudrait en  plus de la documentation pédagogique. Ce qu'on peut comprendre : le professionnalisme du formateur intervenant pour 30% des salariés, et les interactions pour 23%, il semble bien que le e-learning ne soit acceptable que dans un cadre "blended".

Enfin l'étude permet de nuancer ces résultats, notamment en fonction de la taille de l'entreprise - si 26% des salariés ont déjà suivi une formation e-learning, 42% d'entre eux proviennent d'une grande entreprise (contre 18% dans une PME) - et du statut : 47% des tenants du e-learning sont des cadres supérieurs.

JLB