Où en est la formation des TPE-PME ?
L'automne de la formation risquant d'être chaud (réforme oblige), les météorologues sont fréquemment consultés… Études à foison, dont celle du CEREQ sur la formation dans les TPE-PME…
Premier constat : l'étude porte sur des données 2010, un peu anciennes pour décrire le climat 2013, mais c'est un trait de la FPC à la française : on voit grand (échantillon de 5.400 entreprises) et lent, dans un monde où l'on sait pourtant que ce sont les plus rapides qui mangent les plus lents… Cependant, il est vrai, les conclusions sont connues d'avance : les TPE-PME sont réputées former moins que les grandes entreprises. Une observation que la fourchette choisie permet de sérier plus précisément : 27% des effectifs des entreprises de 10 à 49 salariés ont reçu au moins une formation en 2010, contre 56% dans les entreprises de plus de 250 salariés.

On pourrait s'attrister de pareil bilan, ou s'en réjouir : les TPE auraient-elles moins besoin de stages - i.e. la formation au sens où les enquêteurs l'entendent - compte tenu de l'importance prise par les apprentissages sur le tas et l'écrasement de la ligne hiérarchique ? Dans ces entreprises, le salarié, entrant ou non, n'est jamais très éloigné d'un senior voire du dirigeant. Le compagnonnages, les apprentissages sociaux, par l'exemple, y jouent le premier rôle. On ne s'explique pas autrement que ces entreprises se maintiennent bon an mal an alors qu'elles sont 28% à ne former aucun salarié selon l'enquête du CEREQ… En particulier dans des secteurs à forte main d'oeuvre comme la restauration ou le BTP, où le "training on the job" est certainement plus efficace qu'un stage de formation de 2 jours par an. Elles sont aussi 32% à se contenter d'une formation-adaptation au poste de travail (une autre preuve de qu'on avance, s'il en était besoin).

On en revient toujours là : les enquêtes de ce type sont biaisées par ce qu'on entend par "formation" (ici : formation structurée, traditionnelle) et par les indicateurs qu'on y associe… Et ce ne sont pas les nouveaux indicateurs récemment dévoilés par la FFP (Fédération de la Formation Professionnelle) qui pourraient nous rassurer. Il semble qu'au-delà de la grande et pieuse finalité (la lutte contre le chômage, par exemple) proposée aux dispositifs de formation, on ait quelques difficultés, au moins du côté des institutions et des pouvoirs publics, à s'attacher aux résultats réellement attendus de la formation par les entreprises.

Michel Diaz