Chacun à son rythme : le business toujours plus vite, la formation comme un long fleuve tranquille… Pour combien de temps encore ? |
Formation et business s'accordaient bien, avant, au temps des frontières, du plein emploi et des taux de croissance réguliers. Un monde où il ne fallait pas improviser sans cesse, et où le plan de formation supportait le développement de compétences stables, prévisibles. L'idylle touche-t-elle à sa fin ? Il semble que les métiers) aient quelques velléités (non officiellement affichées) de "larguer" la formation, ou plus exactement de faire sans le plan de formation.
Un objet en effet qui n'est plus considéré comme une vache sacrée. Ces jours seraient même comptés, si l'on en croit les rumeurs bruissant autour de la nième réforme de la FPC en cours ; et avec lui le 0,9 %… De quoi financer, par transfert, la formation des demandeurs d'emploi et autres parents pauvres de l'investissement dans le capital humain.
Fin de la "formation à l’ancienne" ?
Cette mesure, d'apparence révolutionnaire, aurait le mérite d'une certaine cohérence : le plan de formation est pratiquement contesté, par les actions de formation qui lui échappent… Il ne faut pas chercher ailleurs l'écart qu'on peut observer entre la place grandissante qu'occupe le e-learning dans l'entreprise et la faiblesse de sa valorisation dans les budgets formation. Et la crise n'a rien arrangé : les entreprises n'hésitent plus à geler des actions qui étaient pourtant au budget formation.
Par ailleurs, le constat qu'un salarié acquiert l'essentiel de ses compétences tout simplement en travaillant ou en échangeant, dans le flux de ses tâches, avec son manager ou ses pairs, des experts internes ou externes, ce constat creuse chaque jour un peu plus la tombe de la "formation à l'ancienne". Entendons par là une formation arc-boutée sur ses croyances, processus, modèle économique, niant à l'expérientiel ou au social learning leur faculté formatrice…
Prouver l’impact sur le business
Ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain : le plan de formation continue d'être utile.
Notamment par les échanges qu'il ménage entre des parties prenantes qui n'ont pas d'autres occasions de réfléchir sur les métiers et les compétences à développer, par une sorte de sanctuarisation aussi d'un budget dédié à la formation, ou la mise en œuvre d'outils de suivi et d'analyse qui pourraient servir à des fins plus opérationnelles.
On lui souhaite de pouvoir évoluer rapidement, car le business n'attendra plus très longtemps. Mieux connaître ses "clients", savoir pourquoi et comment les salariés s'engagent dans leurs apprentissages, designer des dispositifs de formation dont l'impact positif sur le business pourra être prouvé… Des chantiers pour maintenant !
Michel Diaz
Parution initiale dans Formaguide
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