Mésaventure survenue à une grande entreprise française dont la marque est mondialement connue… Satisfaite de la formation linguistique à distance - contenus, services et plateforme - offerte par son principal fournisseur, elle souhaite pousser son avantage. Le contrat est revu, au terme duquel le prestataire continuera de fournir ses contenus de formation… Lesquels seront désormais directement installés sur le LMS de l’entreprise, alors qu’ils l’étaient jusque-là sur la plateforme de son fournisseur. Le Département Formation a fait son calcul : pourquoi supporter le coût d’une autre plateforme alors que je dispose d’un LMS corporate ? Le coût aussi des services, le e-tutorat en particulier, que nous pourrions assurer en interne… Une façon de sanctuariser une partie des emplois de la formation ? Autre considération : le souci de cohérence, la séduction du processus unique - inscription, validation, évaluation - quel que soit le domaine de formation, métier ou transversal, langues, bureautique, management…
Six mois après le fiasco est patent. Pour diverses raisons, dont la plus importante est la désaffection massive des apprenants, mécontents de la dégradation du service auquel ils avaient été habitués. C’est qu’en effet, un plus un ne font pas toujours deux ! Surtout quand l’un (les contenus) proviennent du fournisseur et l’autre (l’environnement de service) appartient au client. Dissocier l’un et l’autre, qui avaient été conçus en cohérence, comme un tout dont chaque partie tirerait le maximum de l'autre, s’est révélé une fausse-bonne idée, une décision aux effets d’autant plus négatifs que l’entreprise n’avait pas la capacité de fournir en interne des services d’une qualité équivalente à celle des services produits par son fournisseur.
Il faut donc y regarder à deux fois avant de demander aux «cataloguistes» d’installer leurs contenus génériques sur le LMS de l’entreprise… Au reste ces éditeurs l’acceptent de moins en moins souvent… Le souvenir des difficultés rencontrées dans le passé reste cuisant, l’interopérabilité entre contenus et plateformes n’‘étant pas si simplement garantie que le respect affiché de la norme Scorm le laisse accroire…
Autre enseignement : rien ne s’oppose, au contraire, à ce que l’entreprise dispose de plusieurs plateformes… Par exemple son propre LMS pour héberger ses contenus et formations métiers, le plus souvent «sur mesure», et plus largement les formations stratégiques dont l’impact sur le business est le plus sensible, ou celles qui lui permettent de se mettre en conformité avec les évolutions réglementaires. A cette plateforme peuvent s’adjoindre celles des fournisseurs de formation transversale dont l’intégrité de l’offre et des services sera ainsi préservée au bénéfice des apprenants.
Cette pluralité de plateformes n’entraîne pas de confusion ni d’effort supplémentaire d’adaptation pour les apprenants. Grâce au portail de formation qui intègre ces divers systèmes, les utilisateurs accèdent à tous les services dont ils ont besoin, tous domaines de formation confondus, dans un espace virtuel d’apprentissage unique. L’intégration de ces systèmes ne présente pas de difficultés particulières pour les informaticiens dont le quotidien est fait de cette mise en cohérence des nombreux environnements informatiques de l’entreprise. Une opération qui se révèle encore plus simple à réaliser dans le cas où l’entreprise a opté pour une plateforme LMS en mode SaaS… A tout le moins, cette intégration sera nettement moins risquée que celle de l’ensemble des contenus, stratégiques ou non, dans une plateforme unique !
Notons enfin qu’une telle «stratégie plurielle» permet au Département Formation de se concentrer sur l’essentiel : les formations à plus forte valeur ajoutée, la qualité de «l’expérience apprenant» et le pilotage du dispositif.
Article initialement paru dans Formaguide sous la signature de Michel Diaz
|