Sauvez votre budget formation !
La crise n’épargne plus les budgets formation… Les entreprises sont tentées par l’application du «minimum légal»… Il est possible de «sauver ce qui peut l’être» en apportant la preuve de la formation…
Le dernier Baromètre Agefos PME est sans appel : 74% des entreprises se contentent d’investir le minimum légal dans la formation de leurs salariés (on se demande ce qu’il en serait si l’obligation n’existait pas), avec un transfert au profit des formations de mise en conformité (obligatoires, donc), en particulier dans le champ de la sécurité et de la qualité. Autre enseignement de l’enquête : 53% des 506 entreprises sondées par l’Ipsos considèrent la formation comme un levier d’action au service de leur performance…

On choisira de voir dans ces résultats le verre à moitié vide d’un budget formation remis en cause, ou celui à moitié plein d’une formation qui a su convaincre les entreprises de son intérêt stratégique. L’optimisme reste de rigueur… D’autant plus que les grandes entreprises continuent d’investir largement au-delà de leur obligation légale. Cependant il s’agit bien de sauver ce qui peut l’être d’un budget formation qui, même dans celles-ci, subit une pression croissante, considérable, au point de bousculer le marché de la formation professionnelle continue, ce dont le bilan des organismes de formation ne manquera pas de porter la trace en 2012 et vraisemblablement plus encore en 2013.

C’est un monde déjà ancien qu’on voit se déliter progressivement sous nos yeux. Celui d’un consensus devenu tacite entre les services formation et leurs fournisseurs, principalement encore des organismes traditionnels, sur le rôle et l’organisation de la FPC en général et du plan de formation en particulier. Clients et fournisseurs sont dorénavant embarqués dans la même aventure, parfois semble-t-il à leurs corps défendants : la remise à plat des missions et la réinvention des dispositifs de formation requises par le double impératif d’efficience et d’optimisation. Efficiente : une formation qui contribuera toujours mieux à la performance opérationnelle - ce qui dit le 21ème Baromètre Agefos PME, ce que disent aussi les grandes entreprises. Optimisée : une formation accessible à tous, renouant ainsi avec le projet humaniste des pères fondateurs… dans le cadre de budgets fixes ou en baisse.

Du coup il devient urgent, pour les partenaires de la formation, offre et demande, d’apporter la «preuve de la formation», notamment quant à ces gains de performance, dont on continue de la créditer (le verre à moitié plein)… jusqu’à quand ? Cette preuve, à laquelle le management et la direction sont devenus très sensibles, passe par la mise en œuvre d’un modèle d’évaluation rénové : on ne pourra plus se contenter longtemps encore d’apprécier la satisfaction des salariés à la sortie de leur stage, ni même celle des connaissances acquises à chaud… Ce modèle d’évaluation dont on voit bien la nouvelle et forte exigence fera le lien entre l’efficience et l’optimisation visées : à l’instar de tous les budgets de l’entreprise, celui de la formation passera toujours plus au crible du rapport entre les fonds investis et les avantages pratiques obtenus… De sorte que le débat entre retour sur investissement et retour sur attentes risque de faire long feu… au détriment du second (qui est parfois une version paresseuse du premier) ! Au moins dans les projets de formation à fort enjeu, en général les plus  coûteux…

Article initialement paru dans Formaguide sous la signature de Michel Diaz