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Les Trophées du Digital Learning fêtent leur 8e édition. Quel regard portez-vous sur leur évolution ?
Florence de Courtenay : Ce concours s’est profondément transformé. En huit ans, il est devenu un point de repère dans l’écosystème formation. Les Trophées permettent de prendre le pouls du secteur, de valoriser l’innovation là où elle se joue réellement : dans les entreprises, les universités, les organismes publics, les start-ups… Nous ne sommes plus dans une logique de « meilleur outil », mais de projets structurants, souvent stratégiques, portés par des équipes pluridisciplinaires. Les candidats ne décrivent plus simplement une solution technique ; ils racontent une ambition, une dynamique collective, un alignement avec les enjeux métiers. Et c’est cela que le jury vient évaluer.
Justement, en quoi le jury a-t-il évolué cette année ?
Florence de Courtenay : Il s’est enrichi, tout en restant fidèle à son ADN : exigence, pluralité, impartialité. La 8e édition est présidée par Noria Larose, CEO de Nell & Associés, avec Jean-Roch Houllier, Head of Operations, Learning & Digital chez Safran, comme vice-président. Leur binôme fonctionne très bien : à la fois ancré dans les réalités du terrain et ouvert aux grandes transformations en cours. Nous avons aussi intégré de nouveaux jurés issus d’horizons variés : grandes entreprises, institutions, start-ups, recherche, conseil… Cela permet une vraie richesse de débat, indispensable pour juger des projets souvent très différents.
L’intelligence artificielle semble occuper une place centrale cette année. Le voyez-vous comme une rupture ?
Florence de Courtenay : C’est une lame de fond. L’an dernier déjà, on sentait les prémices. Cette année, c’est massif. Une très large majorité des candidatures d'ores et déjà reçues mentionne l’usage de l’IA, qu’il s’agisse d’outils génératifs, de moteurs de recommandation, de copilotes pédagogiques ou d’algorithmes de pilotage. Mais ce qui compte, ce n’est pas l’effet « wahou » ; c’est ce que l’IA permet réellement : en quoi améliore-t-elle l’apprentissage, la pertinence du parcours, l’expérience de l’apprenant ou du formateur ? Est-elle bien intégrée au contexte de l’organisation ? Est-elle au service d’un enjeu humain, stratégique, collectif ? C’est là-dessus que le jury sera exigeant : l’IA n’a de valeur que par les usages qu’on en fait !
Allez-vous refléter cette évolution dans les catégories ?
Florence de Courtenay : Les projets intégrant l’IA sont répartis dans plusieurs catégories existantes : innover en formation, création de contenus, mise en pratique, etc. Mais nous avons aussi introduit une nouvelle catégorie cette année, qui me tient particulièrement à cœur : celle de l'ingénierie frugale. Elle vise à récompenser les dispositifs qui font plus avec moins : moins de budget, moins de complexité, moins de dépendance technologique… mais avec un vrai impact. C’est une manière de dire qu’il n’y a pas qu’un seul modèle de transformation digitale : l’intelligence n’est pas toujours là où on l’attend, et les contraintes peuvent devenir fécondes.
Le salon Innovative Learning accompagne cette dynamique. Quelle place accordera-t-il à l’IA en 2026 ?
Florence de Courtenay : Une place centrale. Le programme de l’édition 2026, qui se tiendra les 8 et 9 avril prochain, sera très largement consacré à l’intelligence artificielle appliquée à la formation. Pas seulement pour en démontrer les usages – ce que feront très bien les exposants – mais aussi pour interroger ses effets, ses promesses, ses angles morts. Nous proposerons des conférences plénières, des démonstrations, des retours d’expérience, des débats croisés entre praticiens, chercheurs, décideurs et fournisseurs. L’objectif, c’est d’outiller les professionnels pour qu’ils fassent des choix éclairés. Et bien sûr, le salon accueillera la cérémonie de remise des Trophées, le 9 avril 2026, lors d'une matinal qui mettra à l’honneur les projets les plus inspirants.
Est-ce que vous observez un changement dans les motivations des candidats ?
Florence de Courtenay : Oui, et c’est très positif. Candidater aux Trophées, ce n’est pas seulement chercher un prix. C’est une manière de valoriser un projet en interne, de fédérer les parties prenantes, de formaliser une démarche, de prendre du recul. Beaucoup d’équipes me disent que la candidature a été un déclencheur : cela leur a permis de repositionner leurs enjeux, de mieux communiquer sur leurs succès, de créer un nouveau souffle. Et pour ceux qui vont jusqu’en finale ou qui remportent un Trophée, l’effet de visibilité est réel – en interne comme sur le marché.
L’appel à candidatures est ouvert. Que doivent savoir les candidats potentiels ?
Florence de Courtenay : Le dépôt des dossiers est ouvert jusqu’au 31 janvier 2026, via le site des Trophées. La participation est gratuite, et ouverte à tous les acteurs de la formation, quels que soient leur taille ou leur statut : entreprises privées, organismes publics, établissements d’enseignement, etc. Nous encourageons aussi les candidatures conjointes, qui associent une équipe formation et son partenaire technologique ou pédagogique. Car la co-construction est un marqueur fort de l’excellence dans notre secteur.
Un mot pour conclure ?
Florence de Courtenay : Cette édition 2026 arrive à un moment charnière. L’IA redistribue les cartes, mais elle ne remplace pas l’humain. Elle interroge la pédagogie, la conception, l’évaluation, les rôles respectifs des formateurs, des experts, des managers. C’est à nous tous, praticiens, décideurs, chercheurs, de faire en sorte qu’elle renforce la qualité de l’apprentissage, et non l’inverse. Les Trophées et le salon ont pour mission de porter cette exigence : celle d’un Digital Learning plus intelligent, plus éthique, plus durable. Et je suis convaincue que les projets qui marqueront cette édition 2026 iront dans ce sens.
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