Comment est née l’idée de BYNAPS ?
Olivier Dubost : Tout est parti d’un besoin très concret : celui de mieux partager les savoirs dans un groupe international où les collaborateurs parlent plusieurs langues, travaillent sur des fuseaux horaires différents, et n’ont pas tous les mêmes habitudes d’apprentissage. La Filière Finance de Bouygues Construction cherchait un moyen de rendre ses contenus — vidéos, webinaires, interviews — plus accessibles, plus faciles à consulter et surtout plus engageants. C’est dans ce contexte qu’est née l’idée de BYNAPS : transformer ce qui existait déjà en ressources pédagogiques vivantes. BYNAPS est aussi le fruit d’une rencontre. Celle entre un grand groupe et deux jeunes pousses technologiques : Norewide et Nolej. Leur savoir-faire a permis de créer une solution capable de répondre simultanément à plusieurs enjeux : accessibilité des contenus, simplification de l’accès à l’information, personnalisation des parcours, tout en automatisant les processus pour gagner du temps et réduire les coûts.
Concrètement, comment BYNAPS transforme-t-il un contenu brut en ressource pédagogique ?
Olivier Dubost : L’IA est au cœur du dispositif. Elle transcrit automatiquement les vidéos et les enregistrements audio avec une grande précision, rendant les contenus immédiatement accessibles, y compris aux collaborateurs malentendants ou à ceux qui préfèrent lire. Ces transcriptions permettent aussi de rechercher un mot ou une idée à l’intérieur d’un long enregistrement, un vrai gain de temps. BYNAPS traduit ensuite les contenus dans plusieurs langues, sans perte de sens ni de fluidité. Cette fonction a été déterminante dans un environnement aussi international que celui de Bouygues Construction. La solution ne s’arrête pas là : elle génère des quiz interactifs à partir du contenu, pour vérifier la compréhension et maintenir l’attention des apprenants. Ces quiz sont directement intégrables dans les outils internes, comme SharePoint ou les réseaux sociaux d’entreprise. Autre atout : la création automatique de modules complets. À partir d’un simple enregistrement vidéo, BYNAPS produit un ensemble structuré : vidéo enrichie, glossaire, flashcards, textes à trous, mots croisés… tout ce qui favorise une assimilation active. Enfin, les résumés intelligents proposent une synthèse immédiate des points clés. L’apprenant peut ainsi saisir l’essentiel en quelques minutes, sans passer des heures à revisionner l’ensemble d’un forum ou d’un séminaire.
Pouvez-vous citer des exemples d’utilisation ?
Olivier Dubost : Trois cas d’usage illustrent parfaitement l’impact de BYNAPS. D’abord, un quiz multilingue sur la prévention des fraudes bancaires. À partir d’une série de vidéos, BYNAPS a généré automatiquement un questionnaire accessible en plusieurs langues. Résultat : un taux de participation et de mémorisation nettement supérieur aux campagnes précédentes. Deuxième exemple : un module bilingue issu d’un Finance Forum. Depuis une simple vidéo en français, la solution a produit un module complet en français et en anglais, facilitant la diffusion des bonnes pratiques à l’échelle internationale. Troisième cas : le résumé intelligent d’un événement hybride. Les équipes ont pu valoriser les échanges d’un Finance Forum dans le magazine digital interne, permettant à un public bien plus large de bénéficier des idées clés sans avoir assisté à l’événement. Dans tous les cas, les bénéfices sont clairs : un gain de temps substantiel dans la production et la diffusion des ressources, une accessibilité accrue pour tous les publics (y compris non francophones ou en situation de handicap), et une hausse sensible de l’engagement grâce aux formats interactifs.
Comment les équipes ont-elles accueilli cette innovation ?
Olivier Dubost : Les utilisateurs ont salué la simplicité d’usage de BYNAPS. L’interface est intuitive, les fonctionnalités s’apprennent en quelques minutes. Les traductions sont jugées fluides et les transcriptions précises, ce qui facilite énormément le travail dans un contexte multilingue. Les quiz automatiques et les résumés intelligents, quant à eux, sont devenus des outils du quotidien : ils permettent de valider les acquis ou de revoir rapidement un contenu essentiel. Mais, tout n’a pas été sans obstacle. L’intégration de la solution a nécessité de convaincre les équipes IT, notamment sur les aspects de cybersécurité et d’interfaçage avec les systèmes internes. Le passage du Proof of Concept à une production industrielle a demandé un réel investissement en temps et en coordination. C’est le prix à payer pour faire entrer une innovation dans un écosystème aussi exigeant que celui de Bouygues Construction.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Olivier Dubost : 2025 a marqué une étape clé. Le processus de transformation des contenus est désormais automatisé à 95 %. L’intégration d’outils comme NotebookLM permet dorénavant de générer des vidéos ou des podcasts directement à partir de documents PDF : la boucle est bouclée entre création, transformation et diffusion des savoirs. Les modules produits par BYNAPS sont aujourd’hui intégrés à la plateforme LMS du Groupe. De nouvelles thématiques sont apparues dans le catalogue de formation : gestion des défaillances de tiers, prévention des fraudes bancaires… autant de sujets où l’actualisation rapide des contenus est cruciale. L’enjeu désormais : faire connaître et adopter BYNAPS à l’échelle de l’ensemble du Groupe Bouygues. Des événements internes, comme les Finance Forums, les roadshows RH ou les showrooms dédiés, sont mobilisés pour diffuser la démarche. L’ambition est claire : faire de BYNAPS non pas un outil de plus, mais un réflexe collectif pour partager et apprendre plus vite.
Quel regard portez-vous sur cette expérience ?
Olivier Dubost : BYNAPS démontre qu’il est possible de concilier rigueur, innovation et pragmatisme dans un grand groupe. L’intelligence artificielle n’y est pas une fin en soi, mais un moyen : celui d’alléger les tâches répétitives, de fluidifier la circulation des savoirs et de replacer l’humain au centre du dispositif d’apprentissage. Au fond, l’expérience BYNAPS illustre une conviction forte : la valeur d’une organisation repose sur sa capacité à transformer ses connaissances en ressources vivantes, accessibles et partagées. C’est exactement ce que permet l’IA, lorsqu’elle est pensée non comme une technologie, mais comme un accélérateur de sens.
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